Imaginez un pirate qui se balade dans le métro avec un smartphone Android dans la main. A chaque fois que l’appareil se trouve à une distance d’un centimètre d’une carte bancaire NFC – ce qui est relativement aisé aux heures de pointe – il valide un paiement bancaire pouvant aller jusqu’à… 999.999,99 euros ! Impossible ? Malheureusement non, comme viennent de le prouver cinq chercheurs en sécurité de l’université britannique de Newcastle.
En analysant le protocole EMV, qui est le standard international de sécurité des cartes de paiement, ces experts sont tombés sur une importante faille qui permet de court-circuiter le plafond défini pour les transactions sans contact. Celui-ci est de 20 livres anglaises au Royaume-Uni et de 20 euros en France. Pour dépasser cette limite, il suffit de faire une transaction dans une monnaie autre que celle de la carte en question. Au Royaume-Uni, les chercheurs ont pu valider leur attaque sur des cartes de crédit Visa. Le montant maximum qu’ils ont pu vérifier était de 999.999,99 euros ou 999.999,99 dollars.
Techniquement, l’attaque n’est pas si compliquée. Les chercheurs ont développé une appli qui simule un terminal de paiement et l’ont installée sur un Google Nexus 5. Quand le smartphone arrive à proximité d’une carte NFC, elle génère automatiquement une transaction sans que le porteur ne s’en rende compte. Cela est possible car les transactions sans contact ne nécessitent pas de code PIN pour être validées. Cette transaction est certes créée, mais pas encore envoyée à la banque. Elle est d’abord stockée dans le terminal. Là encore, c’est possible car le standard EMV autorise les transactions en mode offline. L’avantage, c’est que le pirate peut ainsi collecter tranquillement des transactions auprès de ses victimes et focaliser sur la récupération des fonds dans un second temps.
En effet, les chercheurs ont montré que l’on pouvait ensuite décharger ces transactions sur n’importe quel système de paiement d’un marchand complice affilié au réseau EMV, pour les envoyer ensuite aux banques des victimes. Il suffit pour cela d’ajouter aux transactions stockées les données relatives à ce marchand. Cela est possible car, dans le standard EMV, les données du marchand ne font pas partie du sceau de validation cryptographique créée par la carte bancaire. Le pirate peut donc générer des transactions puis, dans un second temps, choisir le marchand auprès de qui il souhaite encaisser le pactole. L’avantage -si l’on peut dire- de ce procédé : il permet une fraude à grande échelle. Rien n’empêche, à priori, un groupe de cybermalfrats de pirater des cartes dans de multiples endroits sur une durée plus ou moins longue.
Il serait intéressant de savoir si cette attaque fonctionne également sur les cartes Visa dans d’autres pays, comme la France par exemple. Malheureusement, les chercheurs se sont limités aux cartes bancaires britanniques. Il faut souligner, par ailleurs, que les cartes Mastercard ne sont pas vulnérables à cette attaque, car elles n’autorisent pas le mode offline pour les transactions en monnaie étrangère. Preuve qu’il existe donc des solutions techniques à cette faille.
Ci-dessous l’analyse des chercheurs de Newcastle :
Lire aussi:
Piratage des cartes NFC : le plan de crise secret des banques françaises, le 16/06/2014
Le scandale des nouvelles cartes bancaires, le 04/09/2012
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