Il annonce que “l’informatique et les systèmes d’information sont la colonne vertébrale de l’entreprise”, rappelle que son directeur des systèmes d’information, Jacques Pellas, siège “évidemment” au comité de direction élargi du groupe, mais martèle que “l’e-business est une fumisterie”. Charles Edelstenne, 64 ans, PDG de Dassault Aviation et de Dassault Systèmes, ne voit-là aucun paradoxe. “Nous utilisons bien sûr les nouvelles technologies au quotidien dans nos entreprises, technologiques par nature. Mais de là à penser que ces dernières, comparables à la machine à vapeur en son temps, constituent un business en soi, c’est absurde !” Vente en ligne, places de marché, e-CRM, les dadas des gourous du net business font doucement rigoler celui qui, en 1999, rabroua prestement un jeune ingénieur venu lui conter que Dassault allait mourir s’il ne rentrait pas immédiatement dans l’ère de l’e-business. Des sites corporate (celui de Dassault Aviation a dépassé le stade de la simple “plaquette” en 2000), un intranet (mis en service en 1998), et quelques recrutements en ligne, voilà l’essentiel de l’“e-programme” annoncé par la maison.Conservatisme ? “Nous n’avons pas chez nous l’enthousiasme des néophytes pour les nouvelles technologies”, justifie Charles Edelstenne, qui précise avoir “investi 150 000 euros dans une start-up. C’était en 1986, et celle-ci s’appelle aujourd’hui Dassault Systèmes.” Un coup de maître qui l’a propulsé au sommet : à l’époque, “le petit comptable”, comme l’appellent ceux qui moquent son seul diplôme d’expert-comptable, met de sa poche pour convaincre Marcel Dassault de commercialiser Catia, un logiciel de conception et de fabrication assistée par ordinateur. Ce dernier devient vite la “vache à lait” du groupe, et le fleuron de Dassault Systèmes (aujourd’hui, 5,9 milliards d’euros de capitalisation boursière).“Mon rôle est précisément de faire travailler ensemble Dassault Systèmes et Dassault Aviation, souligne Charles Edelstenne, et notamment de faire bénéficier la seconde de l’expertise technologique de la première.” L’homme ne quitte pas ses hôtes sans les avoir conviés à une petite visite du plateau de conception du futur Falcon 7X (premier vol prévu pour 2005), fourmilière d’ingénieurs faisant défiler, en 3D sur leurs PC, qui le cockpit de l’avion d’affaires en devenir, qui les réacteurs, qui, même, les fauteuils passagers. “Venus de 15 entreprises mondiales, les ingénieurs peuvent collaborer tantôt physiquement dans un même lieu, tantôt à distance, via un logiciel de maquette numérique partagée conçu par Dassault Systèmes”, s’enthousiasme Charles Edelstenne. Et d’ajouter : “J’aime à penser que nous révolutionnons ainsi la manière de travailler.” Et si Charles Edelstenne, tel Monsieur Jourdain, faisait de le-transformation sans le savoir ?
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