Ex-journaliste, fan de rock and roll, “glandeur” professionnel revendiqué, Pierre Lescure, le président de Canal Plus, est aussi un patron. Un patron qui se justifie d’être un patron, mais qui garde une grosse envie d’être aimé. D’où cette autobiographie exécutée comme un contrat. Pour faire taire le tam-tam médiatique qu’auraient pu susciter deux essais critiques à l’égard de Canal Plus et de ses dirigeants. Tout y passe : son enfance scoubidou, ses grands-parents, sa “collec” de boîtes d’allumettes, son interview ratée de Mitterrand, Monaco, Europe 1, Antenne 2, ses débuts aux côtés d’André Rousselet et les brouilles avec ses potes, Michel Thoulouze (ex-président de Multithématiques et de Tele Piu) ou Alex Berger (ex-président de Canal Numedia).Comme à une cérémonie des César, Pierre Lescure n’oublie personne. L’homme s’émerveille, s’amuse de lui-même, de sa trajectoire professionnelle, des stars qu’il croise (Rupert Murdoch, Phil Spector ou Danny de Vito). À l’inverse, dans le style uppercut il aligne le “dédaigneux” Bernard Faivre d’Arcier, la “condescendante” Marie-France Garaud, le “prétentieux” Claude Villers, et surtout Jean-Claude Heberlé, ex-président d’Antenne 2 et Pierre Dauzier, ex-président d’Havas, crédité d’une “connaissance perverse des hommes”. Une tranche de vie, qui hésite entre Les 400 coups et Amélie Poulain, parfois elliptique, parfois fastidieuse, souvent désopilante comme lorsqu’il décrit ses efforts pour retrouver dans sa collection d’objets en bakélite un contrat envoyé par Patrick Le Lay, le PDG de TF1. Cette autobiographie prend un tour émouvant lorsque le PDG de Canal Plus se lance dans de longues explications sur les causes de son ralliement à Jean-Marie Messier. Face à tant de vie, dénergie, on ressort de ce livre à la fois admiratif et un peu sonné par ce vigoureux plaidoyer pro domo que Pierre Lescure semble avoir destiné à lui-même.
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