Ils l’avaient annoncé, voici qu’ils le dévoilent complètement : les équipes de Canon annoncent aujourd’hui l’EOS R3, le premier appareil photo hybride vraiment professionnel de l’entreprise… et le premier appareil photo sport professionnel du monde des hybrides. Contrairement à tous les modèles déjà lancés par Canon et la concurrence, l’EOS R3 est en effet un boîtier monobloc, où les commandes verticales sont intégrées dans le corps boîtier sans ajout de grip optionnel, comme c’est le cas pour les boîtiers plus compacts.
Outre une fiche technique de compétition – rafale 24 Mpix à 30 images par seconde ! – l’EOS R3 intègre une technologie historique de Canon que l’on croyait perdue à jamais…
Au collimateur et à l’œil
L’EOS R3 porte un bout d’histoire de Canon qui nous replonge… en 1998. Cette année-là, entre deux têtes de Zidane, Canon lançait l’EOS 3, un reflex argentique 24×36 mm qui intégrait un système de suivi de l’œil pour faire la mise au point. Si le premier modèle d’appareil à intégrer cette technologie est bien l’EOS 5, lancé en 1992, l’Eye-Control de l’EOS 3 était bien plus avancé, avec 45 points autofocus contre 5 pour son aïeul. Le système le plus mature de pilotage de l’AF par l’œil humain, abandonné lors du passage au numérique.
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L’EOS R3 reprend le flambeau de l’Eye Control en cette année 2021. Un système basé sur 8 petits faisceaux infrarouges très basse intensité analyse le déplacement de l’iris de l’œil du photographe et fait apparaître un point en temps réel sur l’image que voit la caméra.
Selon les réglages, la position de l’œil permet de déplacer le collimateur (ou le groupe sujet) et d’ainsi faire le point simplement en regardant. S’il faudra attendre un test terrain pour se prononcer quant à la qualité du dispositif, le retour d’une telle technologie est, subjectivement comme objectivement, une excellente nouvelle. Car si la partition est réussie, l’Eye Control permet d’éliminer en partie une contrainte technique – l’AF est un art, notamment dans la photo de sport – pour permettre au photographe de se concentrer sur le cadre.
Premier capteur empilé de Canon
Jadis leader mondial des capteur CMOS, depuis largement dépassé par Sony qui, lui, vend ses capteurs à la Terre entière, Canon a développé et produit son propre capteur d’image pour cet EOS R3. Un capteur dont la définition classique de 24,1 Mpix ne doit pas éclipser sa double spécificité.
Primo, il s’agit d’un capteur Dual Pixel. Une technologie partagée entre Canon et Samsung qui consiste à scinder les photodiodes en deux, faisant de chaque « pixel » un acteur de la capture d’image, mais aussi de l’autofocus. Une technologie qui a comme inconvénient une moindre montée en hautes sensibilités, mais comme avantage d’être ultra-rapide à faire la mise au point puisque tout le capteur est actif.
Autre nouveauté, pour la première fois, Canon propose ici un capteur CMOS dit « empilé » (stacked CMOS sensor pour nos amis anglophones). À la manière de Sony, qui maîtrise et commercialise ce type de capteur depuis plusieurs années, le capteur de l’EOS R3 dispose en son dos d’une partie logique intégrant de la mémoire RAM.
L’avantage de cette mémoire intégrée est double : les rafales sont plus rapides et soutenues et le passage au noir du capteur entre deux images réduit, voire inexistant.
Dans le cas de ce capteur, les deux promesses sont tenues : la rafale pointe jusqu’à 30 i/s avec l’obturateur électronique (540 JPEG ou 150 RAW d’affilée) et le « blackout » disparaît comme chez les Sony Alpha A9 et A9 Mark II. Que les photographes ronchons soient rassurés, l’obturateur mécanique est toujours de la partie. Mais dans ce cas de figure, il y a un passage au noir (fermeture de l’obturateur oblige) et la rafale est limitée à 12 i/s. Une cadence moindre qui permet à l’appareil d’encaisser des rafales de 1000 images RAW. Si la carte mémoire (CFexpress B et SDXC) suit la cadence et dispose de suffisamment d’espace.
L’autre avantage du capteur à mémoire empilée, c’est son contrôle extrêmement précis du capteur, permettant à l’EOS R3 d’afficher une vitesse maximale de 1/64.000e de seconde en obturateur électronique. De quoi profiter des pleines ouvertures de certaines optiques sans même avoir recours à un filtre à densité neutre.
Notez finalement que la définition de 24 Mpix est tout à fait adéquate par rapport à la cible : les photoreporters, photojournalistes et tous les amateurs de photo qui va vite – vite à la prise de vue, vite à la transmission. Dans le domaine de l’action, le fait de ne pas avoir à transmettre des fichiers énormes – bonjour M. Alpha A7R Mark IV et vos 61 Mpix ! – peut être un avantage décisif. Et 24 Mpix donne suffisamment de matière pour même se permettre de recadrer un peu les clichés – pour une « Une » d’un journal, 12 (bons) mégapixels suffisent déjà largement.
Conçu pour durer et travailler (mais préparez les batteries)
Boîtier professionnel destiné à encaisser de longues sessions photo sous la pluie – que ce soit en chassant le brame du cerf ou bien les essais transformés des joueurs de l’Union Bordeaux Bègles – l’EOS R3 est un boîtier monobloc (avec commandes verticales) tout en alliage de magnésium et renforcé de joints de partout. Il pourra prendre pluies et poussière, au Sahara comme au Groenland, comme tout boîtier pro qui se respecte. Dédié notamment aux reporters des agences photo, il dispose d’une prise Ethernet RJ45 Gigabit pour travailler en filaire sur des événements type J.O. et autres coupes du monde. Une offre connectée qui sera renforcée par une app smartphone (iOS à la sortie, Android à partir de 2022) qui permettra aux pros d’annoter les images, préparer les données IPTC, etc.
Mais côté énergie, il va demander une nouvelle attention de la part des photographes. Car par rapport aux reflex sport actuels -les Canon EOX 1SX Mark III et Nikon D5- la durée de vie sa batterie est bien moindre. Alors que les deux reflex susmentionnés encaissent de 2850 (1D X Mark III) à 3780 clichés (D5), l’EOS R3 est très en retrait. En visée par l’écran, la spécification CIPA promet 860 clichés et seulement 620 clichés par le viseur électronique – qui est la méthode de travail la plus probable pour un tel appareil. Là où un D5 à moitié chargé permet d’encaisser un match de foot sans craindre la panne, les photographes en EOS R3 auront intérêt à avoir quatre à cinq batteries supplémentaires sous la main pour tenir la journée. Un état de fait qui s’explique qu’entre le viseur (toujours plus gourmand que les écrans LCD, ndr), l’écran arrière et surtout un capteur d’image toujours actif, les hybrides consomment toujours beaucoup plus que les reflex.
4K DCI interne, 6K RAW externe et griffe numérique !
Contrairement à l’EOS R5 qui monte en 8K, l’EOS R3 se contente de la vidéo 4K (DCI et UHD) en interne. Enfin se contente, c’est vite dit : l’enregistrement sur la carte CFexpress permet tout de même d’atteindre des débits de 1,8Gbit/s (4K DCI 120p) !
Mieux encore, en passant par un enregistreur externe de type Atomos, l’EOS R3 permet de profiter de séquences 6K. Un mode d’enregistrement qui va faire chauffer les disques durs puisque les débits iront de 720 Mbit/s (C-RAW 24p) à 2,6Gbit/s (6K RAW 60p) ! Cette partition vidéo semble donc excellente et permettra aux professionnels de réellement profiter d’un appareil photo de sport ET d’une caméra 4K/6K pour des productions documentaires.
Le Canon EOS R3 est le premier appareil de Canon à intégrer une griffe flash avec des contacteurs numériques à la façon du standard MI (Multimedia Interface) de Sony. Malheureusement, tout le budget « naming » de Canon ayant été cramé pour 2021, ses équipes ont oublié de donner un nom à leur standard – c’est évidemment une blague, mais cela reste parfaitement incompréhensible.
Dans tous les cas, cette nouvelle prise va permettre la communication numérique avec les microphones, des transmetteurs, des flashes, etc. Canon profite d’ailleurs du lancement de l’appareil pour lancer plusieurs accessoires compatibles. Notez que les anciens accessoires auront besoin d’un petit adaptateur pour garantir l’étanchéité de l’ensemble.
Bijou 100% Canon du capteur jusqu’au processeur d’image, l’EOS R3 est un pas supplémentaire du remplacement des reflex par les hybrides et devrait rapidement affronter le futur Nikon Z9 autour des stades. Son tarif de 5999 € TTC en fait un appareil pas si cher que ça dans son écosystème. Et ses compétences en rafale autant qu’en vidéo devraient permettre de faire oublier son autonomie, son point faible par rapport aux boîtier reflex.
L’EOS R3 sera disponible à partir de novembre prochain à 5999 €.
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