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Canon EOS 5D Mark III : le reflex pro entre dans l’âge mûr

Canon évite la surenchère des mégapixels et propose un reflex professionnel sobre et sans (grandes) failles.

Une fois de plus, le duel Canon-Nikon peut reprendre ! Un mois après l’annonce du D800 de Nikon, c’est à Canon de dévoiler son nouveau reflex professionnel à capteur plein format, l’EOS 5D Mark III. Un boîtier qui a la lourde tâche de succéder à l’EOS 5D Mark II, appareil le plus vendu de sa catégorie et qui est autant célèbre pour la qualité d’image de son capteur photo que pour ses aptitudes en vidéo.

Jusqu’ici, Canon privilégiait le nombre de mégapixels et les fonctions avancées (vidéo, etc.) au détriment de la robustesse du boîtier quand Nikon faisait exactement l’inverse. Aujourd’hui les rôles s’inversent et c’est Canon qui est l’élève bien sage. Et comme tous les élèves sages, le constructeur semble avoir bien travaillé.

Capteur : qualité d’image et hautes sensibilités avant tout

L’EOS 5D Mark II disposait de 21 Mpix, le 5D Mark III de 22,3 Mpix : autant dire que la définition n’augmente pas. Si le fait n’est pas coutumier chez Canon, ce choix peut apparaître pertinent : qui a réellement besoin de plus de définition quand de nombreuses publicités grand format sont réalisées à partir des 21 Mpix du 5D Mark II ?

Cette modestie permet à l’appareil d’offrir une montée en ISO allant de 100 à 25 600 ISO (extensible à 102 400 ISO). Et puis la taille des fichiers commence à être un vrai problème pour de nombreux photographes : il en faut des disques durs – dont le prix reste élevé – pour loger les 70 Mo de chacune des images du Nikon D800 (en mode 14 bits) ! Dans une comparaison de chiffres, le 5D Mark III prend une petite claque, mais en restant conservateur, Canon assure du côté de la qualité d’image et ce à toutes les sensibilités ce qui pourrait lui donner l’avantage sur ce plan par rapport au D800.

Un autofocus de champion

Dans ses précédents boîtiers – 5D et 5D Mark II –, Canon privilégiait la qualité d’image et délaissait de nombreux aspects dont notamment l’autofocus, qui était issu des appareils de la gamme en-dessous.

Pour ce 5D Mark III, le constructeur va chercher un des deux processeurs Digic V du 1D-X et surtout le capteur autofocus sur 61 points (41 en croix). S’il ne dispose cependant pas du module d’analyse sur 252 zones de son aîné, la progression dans le domaine de la mise au point promet d’être importante au regard des performances médiocres du 5D Mark II dans ce domaine.
Jadis talon d’Achille de Canon, l’autofocus est ici tellement soigné que le 5D Mark III dispose même d’un onglet spécial de réglage qui s’appuie sur des réglages prédéfinis que l’utilisateur peut améliorer à sa sauce.

Enfin une vraie rafale

Moins de pixels à traiter c’est aussi une meilleure cadence de shoot : le 5D Mark III passe donc à six images par seconde quand son prédécesseur bloquait, comme le nouveau Nikon D800 à quatre images par seconde. C’est aussi une revanche face au Nikon D700 qui déroulait de inq à huit images par secondes (huit avec le grip et la batterie du D3).

Le 5D Mark III offre désormais plus de confort aux reporters et photographes d’action. On est loin d’un Sony Alpha 77 ou des boîtiers sport tels les Nikon D4 et Canon EOS 1D-X, mais dans le premier cas la rafale du 5D Mark III promet d’être plus longue dans le temps (18 images soit 3 s) et dans l’autre cas il ne s’agit pas de la même catégorie d’appareils.

Vidéo : encore mieux, mais pas parfait

La compression de la vidéo bénéficie de quelques perfectionnement, notamment avec la disponibilité d’un mode ALL-I « intra-image », de meilleure qualité que le mode IPB (inter-image) utilisé jusqu’à présent. On retrouve aussi le mode 60p en HD720 et le 5D Mark III dispose – enfin ! – d’un vumètre affiché à l’écran et d’une prise casque ! Petit raffinement de gastronome : la molette centrale est à la fois mécanique et tactile, ce dernier mode permettant de modifier des paramètres sans que cela s’entende à l’enregistrement. On aura aussi droit à une correction des effets de moiré et du flickering.

Déjà très fort en vidéo avec le 5D Mark II, Canon devrait offrir une qualité encore supérieure avec son 5D Mark III. Seulement voilà, en face de lui le D800 offre encore plus de choses : un mode de zoom en utilisant le centre du capteur, une plus grande finesse des niveaux manuels et surtout une sortie HDMI non compressée qui devrait plaire à l’industrie du cinéma. Quant aux modes vidéo, si on retrouve du 24, 25 et 30p en 1080, toujours pas de mode 50p et 60p, ce que nous ne pouvons que regretter.

Corriger les erreurs, bétonner les fondamentaux

La robustesse est au cœur de ce 5D Mark III, le 5D Mark II pourtant solide était en effet inférieur au D700 et au… 7D ! Le revêtement est plus qualitatif, plus rassurant et surtout l’appareil est enfin tropicalisé et voit sa coque d’alliage de magnésium bardée de joints d’étanchéité. Si le 5D Mark II n’était pas fragile, ce 5D Mark III semble enfin pouvoir concurrencer Nikon sur le plan de la robustesse.

Ensuite vient le viseur qui passe d’une couverture de 98 % (5D Mark II) à 100 % avec un grossissement de x0.71. L’obturateur de cet EOS 5D Mark III est lui aussi tout nouveau : plus robuste avec ses 150 000 cycles (contre 100 000 pour le 5D Mark II) il est aussi plus silencieux et dispose même d’un mode Silence. Au prix d’une latence de déclenchement plus longue (de 60 à 110 ms) et d’une rafale divisée par deux (3 i/s) on passe de 60 db à 50 db. Les photographes discrets –  animaliers, photo de rue, etc. – apprécieront.

Autre amélioration notable, le double emplacement pour carte mémoire : d’un côté le traditionnel Compact Flash, de l’autre un port SDHC/SDXC. Et la molette des modes est enfin dotée d’un bouton de sécurité ce qui lui évite de tourner de façon inopinée. Dernière bonne nouvelle pour la route : la batterie est la même que celle des EOS 5D Mark II et EOS 7D puisqu’il s’agit de la LP-E6.

Ce qui lui manque

Si l’absence de flash ne nous paraît pas être un défaut, il faut cependant noter qu’il manquera à certains photographes. Mais à cela, il faut ajouter qu’il n’embarque ni GPS – alors que l’Alpha 77 de Sony en est équipé de série – ni Wi-Fi, même si un nouveau module très encombrant fait son apparition. On note aussi que le port SDHC/SDXC n’est pas compatible UHS-1.

Avec ce 5D Mark III Canon joue la force tranquille : pas de saut technologique, pas de multiplication des pixels comme Nikon, pas de vidéo 4K pas de rafale à 15 i/s. Canon a préféré améliorer l’existant et rattraper son retard sur ses points faibles – construction, autofocus – tout en mettant la qualité d’image en priorité numéro un en offrant un capteur de même densité que le 5D Mark II mais qui profite de plusieurs années d’améliorations technologiques. Finalement son seul défaut à nos yeux c’est d’être relativement cher puisqu’il sera lancé au mois de mars à 3 300 euros, c’est à dire 400 euros de plus que le D800 de Nikon.

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Adrian BRANCO