Depuis sept ans, jamais le nombre de films visionnés par le comité de sélection du Festival international du film de Cannes n’avait été aussi élevé : 2 281, contre 1 798 en 2001. Explications : “L’allégement des contraintes techniques avec l’apparition de la vidéo et du numérique, tant au tournage qu’au montage, mais aussi les films à petits budgets “, selon les organisateurs de cette 55e édition (du 15 au 26 mai), présidée par le réalisateur David Lynch (www.davidlynch.com). Présent en post-production depuis plusieurs années, le numérique investit la création et la diffusion, dans le sillage de Vidocq, sorti en 2000, et annoncé comme le premier film entièrement tourné avec des caméras numériques haute définition (voir www.ecrannoir.fr/entrevues/intpifof.htm, pour l’interview du réalisateur, Pitof, ou le site www.vidocq-lefilm.com).Cette année, le Festival de Cannes laisse aux productions le choix du mode de projection et quatre des longs métrages en lice pour la Palme ont été tournés en vidéo numérique : Ten d’Abbas Kiarostami, 24 Hour Party People de Michael Winterbottom, Unknown Pleasures de Jia Zhangke, et Russian Ark d’Alexandre Sokourov. Des choix pas seulement motivés par les économies de fonctionnement (suppression des coûts de conversion des formats entre production et post-production), mais aussi par la recherche d’une esthétique (profondeur de champ, texture, etc.). Comme toute révolution technique à implication artistique, le numérique suscite débats et polémiques : le Festival ne s’en exclut pas. Dès le premier jour, une “Rencontre du numérique” réunira une dizaine de réalisateurs du monde entier autour des opportunités et dangers de ce support pour le cinéma. Abibou Ndiaye, organisateur du Festival international du cinéma numérique de Vierzon (www.d-cinemafestival.com), et Frédéric Comtet, qui prépare le premier Festival international du cinéma nouvelle génération (en juin à Lyon), prennent le relais en proposant, en off, “Digital Beach “, des tables rondes sur le cinéma numérique, dont “L’incidence du numérique sur la création cinématographique” (18 mai, plage du Miramar) ou “Quel numérique pour l’exploitation cinématographique : projection HD, Digital Video, DVD…” (21 mai). Le DVD qui débarque sur la Croisette : le Festival ouvre un “Salon DVD de cinéma”. Les meilleurs recevront le titre de “DVD Collection Festival de Cannes”. On sera loin des paillettes de la sélection officielle (sur www.festival-cannes.org), éclectique et engagée : 22 films venus de 15 pays, dont le Liban, la Syrie ou l’Algérie, et un dialogue à résonance géopolitique entre Intervention divine, film palestinien d’Elia Suleiman, et Kedma, long métrage israélien d’Amos Gitai.
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