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CanalSatellite et TPS prêts à s’unir pour ne pas dépendre d’Internet

Evoqué depuis plusieurs années, ce rapprochement pourrait être annoncé dans les prochains jours. La montée en puissance des opérateurs de télécoms et le succès de la TNT sont les principales raisons.

La France était jusqu’à présent un cas unique en Europe. Au contraire de l’Allemagne (offre Premiere) et du Royaume-Uni (bouquet BskyB), elle compte deux bouquets satellites, CanalSatellite (groupe Canal+) et TPS (détenu à
34 % par M6 et à 66 % par TF1). Du moins comptait, puisque les deux concurrents viennent d’annoncer leur intention de fusionner.TF1, qui rejetait jusque-là l’idée du mariage, a dû se rendre à l’évidence : la donne a changé. Le paysage audiovisuel français (PAF) a beaucoup évolué ces deux dernières années. La
TNT a convaincu plus vite que prévu les Français. Lancée en mars dernier, elle compte presque autant de foyers équipés d’un adaptateur (1 million environ) que
d’abonnés à TPS (1,4 million), pourtant commercialisé depuis 1996.Mais c’est surtout la montée en puissance des opérateurs de télécoms et des FAI qui a rebattu les cartes. Le haut-débit est devenu un moyen de diffusion audiovisuel incontournable pour les éditeurs de chaînes. Ainsi, plus de la
moitié des nouveaux abonnés à TPS vient de l’ADSL !‘ Le rapport de forces s’est inversé et il est en faveur des opérateurs télécoms, explique Florence Leborgne-Bachschmidt, analyste à l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des
télécommunications en Europe). France Télécom a, par exemple, négocié directement avec Warner pour les droits en VOD [vidéo à la demande, NDLR] et Orange a acquis des droits d’événements sportifs pour la
diffusion sur mobile. ‘
De fait, dans un communiqué publié dimanche soir, Vivendi Universal (propriétaire de Canal+) a indiqué que ‘ ces négociations portent sur un éventuel rapprochement de TPS et de Groupe Canal+, dans l’intérêt
des actuels abonnés et dans le respect des identités des deux entreprises, pour créer un ensemble en mesure de faire face à la concurrence accrue des entreprises de télécommunications et d’Internet. ‘
Ces dernières ont réussi à supprimer l’un des points clés du business des bouquets. En imposant leur propre modem (Freebox, Livebox…), les FAI privent TPS et CanalSatellite de l’une des principales sources de
revenu : la location de leur décodeur. C’était une véritable rente pour les deux groupes (autour de 5 euros/mois et par abonné !).En prenant le contrôle de la porte d’entrée du nouveau PAF, les FAI peuvent ainsi proposer à leurs abonnés une palette de nouveaux services payants : TV interactive, mini-bouquets et, bien sûr, vidéo à la demande. Ainsi,
depuis aujourd’hui, Free permet d’accéder à
l’offre de VOD de Canal+, CanalPlay.Quant aux conséquences, ‘ la signature pourrait être annoncée dans les prochains jours mais la mise en place d’une ou plusieurs nouvelles offres pourrait prendre plusieurs mois ‘, estime
le directeur d’une chaîne.Avec deux mouvements bien distincts : d’un côté, un écrémage des chaînes ‘ en doublon ‘ (jeunesse, cinéma, musique…), de l’autre, une refonte totale du modèle économique dautres diffuseurs.
‘ Plusieurs chaînes n’étant pas devenues rentables sur des plates-formes payantes comme CanalSatellite et TPS, elles pourraient faire le pari d’être diffusées, gratuitement ou contre une rémunération moins
importante, sur tous les supports : ADSL, téléphone mobile… ‘,
déclare Florence Leborgne-Bachschmidt.

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Philippe Richard