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Canal+ tente une remise en selle avec ses futurs décodeurs 2G

La chaîne cryptée a discrètement renoncé à sa Net Top Box, son projet de décodeur numérique censé permettre l’accès à Internet. En changeant son fusil d’épaule et en privilégiant désormais la fonctionnalité disque dur, le groupe s’efforce de retomber sur ses pieds.

Parmi les nombreux défis à relever pour la nouvelle équipe dirigeante de Canal+, l’arrivée à court terme d’une deuxième génération de décodeurs numériques n’est pas le moindre. C’est même l’un des quatre grands chantiers pointés par Jean-Marie Messier, le président controversé de Vivendi Universal, lors de l’annonce du limogeage de Pierre Lescure, l’un des pères fondateurs de Canal+.Vaste chantier que cette nouvelle génération de décodeurs dont on parle depuis 1999. Initialement prévus pour faire leur apparition courant 2000, ces terminaux étaient alors au c?”ur de la stratégie Internet du groupe, puisqu’ils devaient autoriser l’accès au Web depuis un téléviseur. Une orientation stratégique qui n’est plus véritablement de mise aujourd’hui, le projet de Net Top Box étant définitivement passé à la trappe. “L’équation économique était trop tendue”, explique François Carayol, le président de Canal+ Technologies, pour qui la nouvelle génération de décodeurs (désormais baptisée 2G) permettra néanmoins d’accéder à Internet, même si cette fonctionnalité n’est plus une priorité en soi. “Les clients de Canal Satellite s’abonnent pour regarder la télévision, pas pour naviguer sur le Web”, affirme-t-il.

Vivendi Universal met la pression

De fait, la priorité n’est donc plus à la navigation traditionnelle sur Internet, mais au développement de services interactifs, comme de la vidéo à la demande virtuelle. “L’idée est d’avoir des hyperliens à destination de sites spécifiques plutôt que de se connecter à des sites traditionnels”, résume François Carayol. Bref, le rêve éveillé de la dream team de Vivendi Universal, avec son fameux portail multi-accès (Vizzavi) permettant de se connecter à Internet à partir d’un téléphone portable, d’un PC ou d’un téléviseur, a visiblement du plomb dans l’aile. “C’est vrai que nous étions en pleine guerre des étoiles”, reconnaît Philippe Germond, président de Cegetel et membre du comité exécutif de Vivendi Universal.Désormais programmée pour l’automne prochain, cette nouvelle génération de décodeurs comportera également, à l’instar de ceux que TPS s’apprête à lancer, un disque dur d’une quarantaine de gigaoctets. Reste le choix industriel, pour lequel seuls Thomson multimedia et Sony, tous deux actionnaires de Canal+ Technologies à hauteur de 3 %, sont encore en piste ?” Pioneer, Nokia et Philips ne sont plus dans la course. Interrogé sur le rythme de déploiement de ces décodeurs, François Carayol se veut prudent : “Ce sont les clients de Canal Satellite qui décideront.” Une appréciation qui tranche avec l’assurance de Jean-Marie Messier, pour qui “l’objectif est de 400 000 à 500 000 décodeurs d’ici à deux ans” (La Tribune du 8 mars 2002).Le pari est loin d’être gagné même si Canal+ Technologies compte notamment sur son navigateur HTML et sur Java pour se différencier de TPS et de son moteur d’interactivité propriétaire (Open TV). Une querelle de clocher à laquelle Gilles Maugars, directeur technique de TPS, répond : “Contrairement à Canal+, nous ne produisons pas notre propre technologie.” Une manière comme une autre de laisser entendre que, sans parler du piratage, TPS possède une longueur d’avance technologique sur Canal Satellite.

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Henri Bessières