La poste canadienne aurait-elle eu raison trop tôt ? C’est un peu la question que se pose la société d’Etat depuis quelque temps. “ Franchement, on pensait que tout irait plus vite, avoue John Caines, son porte-parole. Nous avons un peu anticipé les choses. Car l’impact d’internet sur nos activités est encore mineur. Mais au moins, nous sommes prêts.” Prête, Postes Canada l’a même été avant tout le monde… Dès l’automne 1999, elle a lancé Epost, la poste électronique. Une première mondiale, fièrement présentée comme telle par ses promoteurs. L’idée est simple : s’il est difficile de contrer l’érosion du courrier traditionnel, il est possible d’accompagner les nouvelles tendances. Aux particuliers, la Poste canadienne propose donc, non pas une simple adresse électronique, mais une vraie boîte aux lettres, où ils peuvent recevoir par courrier factures, documents administratifs, publicités, etc.Un service gratuit pour lequel les expéditeurs (gouvernements et entreprises) se voient facturer ce qu’ils auraient payé en affranchissement. Avec Epost, l’institution canadienne espérait regagner une partie des usagers (3 % par an d’ici à 2005, selon les estimations), qui délaissent peu à peu le papier pour la toile.
Retour du produit en cas de problème
Mais, après des débuts prometteurs, le nombre d’abonnés électroniques stagne aujourd’hui à 150 000. Les Canadiens ont beau être de grands internautes ?” 23 % d’entre eux paient déjà leurs factures en ligne ?”, ils ne sont pas encore demandeurs d’un tel service et se contentent d’utiliser le site de leur banque pour leurs transactions.
L’autre désillusion ?” provisoire ? ?” concerne le commerce électronique. C’est pourtant là que Postes Canada avait placé tous ses espoirs. “Car c’est là qu’est le marché, insiste John Caines. Grâce au e-business, nous prévoyons une hausse de 20 % de notre volume paquets en cinq ans.” Sur son propre site, la société publique a donc innové pour encourager le commerce en ligne. En cliquant sur la rubrique Go shopping (Partez magasiner pour la clientèle québécoise…), le visiteur se voit proposer des hyperliens avec les sites d’une centaine de détaillants triés sur le volet : tous ont signé un contrat d’exclusivité avec la Poste, qui livre la marchandise vendue en ligne. Mais là encore, les Canadiens sont à la traîne, du moins par rapport aux espoirs des boutiques en ligne : le total des achats sur le net a presque doublé l’an dernier avec 5,3 milliards d’euros (35 milliards de francs) contre un peu plus de 3 milliards en 1999, mais il ne représente encore que 0,4 % de l’ensemble du marché.
Loin d’être découragée, Postes Canada continue d’aller de l’avant. En s’attaquant, par exemple, à l’un des problèmes majeurs (avec la sécurité) de la transaction sur internet : le retour du produit en cas de problème. Pour l’occasion, elle s’est associée à l’un des plus gros vendeurs en ligne : la librairie Chapters (l’équivalent de la Fnac pour les Canadiens). D’un simple clic, les acheteurs peuvent désormais télécharger létiquette qui permet la réexpédition de la marchandise si nécessaire. Un souci de moins pour les internautes. Une preuve de plus que la poste canadienne espère faire de la toile un vrai allié malgré des débuts difficiles.
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