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Calculs juteux pour éditeurs de logiciels

Outre-Atlantique, les sociétés spécialisées dans les programmes dédiés aux ” biotechs ” se multiplient. Un marché très prometteur qui doit encore faire ses preuves.

Taracel, SAS Institute, Time Logic, Accelrys, Double Twist, Net Genics, ces noms d’éditeurs de logiciels ne font aujourd’hui réagir qu’une poignée de spécialistes. Ces six sociétés sont cependant les principaux acteurs d’un marché naissant : la bio-informatique. Un nouvel Eldorado ?” le secteur afficherait un rythme de croissance d’au moins 40 % pour 2002 ?” où le software règne en maître. “Les logiciels, en particulier les outils d’analyse de l’ADN et de recherche des combinaisons moléculaires, sont la promesse d’un retour sur investissement plus rapide pour les sociétés de biotechnologies”, juge Brad Peters, auteur d’un rapport sur les éditeurs de logiciels spécialisés en biotechnologies pour le cabinet de conseil Frost & Sullivan. Mais il ne s’agit que d’une promesse que ces jeunes entreprises, créées il y a moins de trois ans, ont encore du mal à concrétiser.

Des labos aux bureaux

Auparavant, il n’y avait pas véritablement de marché, même si des sociétés comme Gene Code, éditrice du logiciel d’analyse des séquences d’ADN Sequencher, existent depuis 1991. Près d’une centaine de sociétés, pour la plupart héritières des travaux universitaires réalisés dans les années 1980 et 1990, se disputent depuis lors les faveurs des chercheurs. C’est le cas de Stratagene, une start-up du sud de la Californie, fondée en 1984 et spécialisée dans les outils d’analyse et de séquençage du génome pour l’homme mais aussi pour la souris. “Des approches de niche”, note Jon Simmons, vice-président de la division sciences de la vie chez Oracle, qui rendent l’évolution des biotechs similaire à celle des télécoms au cours des années 1990 : “Cela commence par des outils très spécialisés, souvent mis au point par des chercheurs universitaires qui fondent ensuite leur société, poursuit Jon Simmons. Nous atteignons, aujourd’hui, une phase de maturité industrielle, qui requiert des solutions mieux intégrées.”C’est sur ce nouveau segment de marché que s’est formé Accelrys, fruit du mariage de cinq petites jeunes pousses de bio-informatique et désormais filiale du groupe Pharmacopedia. “Notre valeur ajoutée, c’est d’être présents sur toute la chaîne, depuis la recherche fondamentale jusqu’à la production industrielle en passant par la phase cruciale des tests cliniques”, indique Ian Clements, directeur marketing d’Accelrys. Ses cibles : les sociétés de biotechnologies cotées en Bourse et les poids lourds de la pharmacie dont elles sont désormais souvent partenaires. Et Ian Clements de poursuivre : “Tout l’enjeu pour ces sociétés, est de réduire les risques d’échec dans le développement d’un nouveau traitement avant d’en arriver au stade des tests cliniques, où l’on a souvent déjà dépensé plusieurs centaines de millions de dollars et des années de recherche.”

Des logiciels recyclables

Plus que le temps, c’est la certitude qui compte : seulement 6 % des projets de traitement dépassent la première étape des tests cliniques (toxicité). C’est là que l’intégration des logiciels joue un rôle clé. “Le principal défi est d’établir un dialogue entre des applications jusqu’alors concentrées sur une tâche unique”, souligne de son côté Sia Zadeh, directeur de la division sciences de la vie chez Sun Microsystems. Le constructeur de serveurs Unix, tout comme IBM, Compaq ou Oracle, multiplie d’ailleurs les partenariats avec les sociétés éditrices de logiciels spécialisés auxquels il entend apporter ses compétences en matière d’infrastructures, s’ouvrant ainsi les portes du marché de l’équipement informatique des sociétés de biotechnologie. Un marché au potentiel énorme, souligne-t-on chez les éditeurs, mais qui n’a pas encore fait ses preuves. “Aucun traitement n’a encore été mis au point avec l’aide de cette nouvelle génération de logiciels, tempère Brad Peters, du cabinet Frost & Sullivan. Quant aux plateformes intégrées, prenant en compte toute la chaîne de valeur, force est de constater quelles sont encore en cours de développement.”* à San Francisco

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Paul Philipon