Franchement, c’est fou comme la génération internet a de la chance. Bon, d’accord, le matin, avant d’envoyer ses e-mails, il faut attendre cinq minutes pour que son PC s’allume et que Windows démarre. Mais, après, la vie est quand même plus simple qu’au temps du papier.Voyez par exemple Flo, la nouvelle de la pub qui rentre ce matin de son trek au Maroc, hors vacances scolaires. Petit ” chat ” avec la copine Véro pour commencer la journée :Véro : Ca vaaaaa, Flo ?
Flo : Mwa wai, les ouacances CT kewl, et twa ?
Véro : Nan, ça va pa Flo : Kess kiss pass ?
Véro : Ta pa vu l’nouvo DG ?
Flo : Nan, JT pala a la réu, C ki ?
Véro : Chépa bi1, mé lé kon, 1 aJT
Flo : Véridik ?
Véro : Véridik
Flo : Tinkiet, je V en rdv, on déj ?
Véro : A +Autrefois, c’est sûr, il fallait avoir fait verlan première langue au lycée international de La Courneuve ou écouter MC Solaar tous les soirs pour maîtriser ce genre de sabir. Mais maintenant qu’on est tous obligés de taper 50 e-mails par jour, on s’y met.Et encore, avec un PC sous la main, ça va. Mais essayez d’envoyer un message à votre femme depuis votre téléphone mobile, un SMS, comme on dit, simple et sympa, du type : “Chérie, je passe prendre le pain. Je t’embrasse.” Avec un mobile de taille normale et en ayant programmé ” chérie ” et ” pain “, il faudra taper 100 touches sur le clavier. Donc, forcément, vous allez au plus court : “Mwa HT p1 :*)”Évidemment, vous me direz, quand on écrit “mwa” à la place de “moi”, on ne voit pas immédiatement où est le progrès. Et il faut quand même passer quelques heures sur le clavier pour maîtriser les icônes internet, la différence par exemple entre ” : – ” ” (siffler une jolie fille) et ” @ : -] ” (sortir de chez le coiffeur).Mais, bon, rien à voir avec les heures consacrées autrefois à apprendre les neuf façons d’écrire le son ” o “, (eau, au, aud, ault, aux, eaux, oh, ot, ots), l’accord du participe passé avec le verbe avoir, la nécessaire et subtile distinction entre la ” considération distinguée ” et le ” sentiment respectueux “. Avec le ” rézo “, finis les zéros.Mais là n’est pas l’essentiel. Le progrès le plus important pour nous, les ” Français-pas-doués-en-langues “, est la facilité déconcertante avec laquelle désormais nous pouvons maîtriser l’anglais. Prenez par exemple Jacques-Olivier, à la planif, qui en est à son centième cours particulier pris sur le budget formation et qui ne sait toujours pas qu’on ne met jamais le futur dans les propositions subordonnées. Là, il a jeté son Harrap’s et acheté, sur Amazon, WAN2TLK ? : de Michael O’Mara, la nouvelle Bible des Anglais. On ne le reconnaît plus. L’autre jour, il a envoyé paître le directeur général de la filiale américaine, qui voulait faire un board meeting le week-end de l’Ascension, vite fait.- I WAN2 TLK, R U OK for May 25 ? (I want to talk to you, are you OK for May 25 ?) (
” Je veux te parler, c’est OK pour le 25 mai ? “
), lui a demandé son boss.
– MOMPL, L8R (Moment please, later)
(” Impossible. Plus tard ? “), a répondu Jacques-Olivier, aussi sec.L’autre a tenté un :
– 4me, it is ASAP (For me, it is as soon as possible) (” Pour moi, c’est le plus vite possible. “) Et Jacques-Olivier a tranché :
– I am on RTT, IYSWIM…(I am on ” RTT “, if you see what I mean…) (” Je fais le pont, si vous voyez ce que je veux dire… “). Envoyé…Vous voyez le genre. Globalement, le truc est assez pratique, quoique, dans l’affaire, on perde un peu le sens des nuances. Le même Jacques-Olivier est allé un peu vite le même soir avec Kristy, de la com, qui, de passage à Paris, lui avait laissé un gentil SMS sur son mobile :
– RUOK, Pierre ? CU 2NITE (Are you OK, Pierre ? See you tonight ) (” Ça va Pierre ? On se voit ce soir “)L’autre a osé :
– FUK2nite OK ? […]
La réponse, elle, a claqué dans le cyberespace :
– No, EOF (End of file) (” C’est fini entre nous “).Nous, dans le service, on était ROTFL (rolling on the floor laughing). En français : PTDR. Pétés de rire.
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