Anglais courant ? Lu, écrit, parlé ? Malgré la frilosité des Français pour les langues étrangères, les cadres ont fini par s’y mettre (voir page 29). Pour une raison simple : l’anglais est devenu obligatoire pour qui souhaite accéder à un poste de direction. Dans les dîners en ville, on se gausse de l’accent très ” Maurice Chevalier ” de tel jeune patron. Mais quand, à deux pas de la Seine, cet ancien de l’ENA mène ses réunions en anglais, aucun de ses collaborateurs ne s’étonne. Même si leur siège demeure en France, un grand nombre de groupes français, en particulier dans les TMT, tiennent désormais leur conseil d’administration et leur comité exécutif dans la langue de Shakespeare.Dans les ” road show ” financiers, le français fait carrément figure de langue morte. Les entreprises hexagonales ont mis le cap sur l’international et le vent du large passe par les États-Unis. Wall Street accueille à bras ouverts les champions tricolores. Il y a quelques jours, Le Figaro rapportait que Jean-Marie Messier, président de Vivendi Universal, pourrait prendre la double nationalité franco-américaine. Et dans son dernier numéro, le très libéral magazine Fortune vante les mérites des boss bleu-blanc-rouge, de Michel Bon (France Telecom) à Gérard Mestrallet (Suez), ex-hauts fonctionnaires devenus hérauts des marchés.L’exposition des grandes entreprises françaises aux États-Unis explique, en partie, la rapidité avec laquelle le ralentissement économique a été importé en France : l’information circulant entre New York et Paris a précédé le retournement des consommateurs. En signant la pétition contre la loi de modernisation sociale, les 56 PDG avaient sûrement en tête la facilité avec laquelle leurs homologues américains taillent dans leurs effectifs. En réponse à leurs interrogations, le silence de la Majorité ?”le libelle d’Henri Emmanuelli excepté?” n’a pu que renforcer leur tropisme.*directeur de la rédaction
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