“Le pays doit développer le haut débit. Il est temps de sortir un plan d’action.” Ces mots prononcés par le président George Bush, lors d’un récent forum organisé à la Maison Blanche avec le nec plus ultra des PDG branchés (Carly Fiorina pour HP, Steve Case pour AOL Time Warner, Michael Armstrong d’ATT, etc.) ont relancé le dossier du haut débit. Les industriels plaident depuis longtemps pour une implantation de l’infrastructure sur tout le territoire. Quand les consommateurs, croient-ils, auront les moyens de s’abonner à un service de ce type, ils achèteront plus en ligne, travailleront plus facilement de chez eux. Les embouteillages se réduiront, la pollution s’allégera.Les avocats du haut débit, représentés par l’ITI (Information Technology Industry Council) font miroiter de juteux avantages pour la future Homeland Security, la sécurité intérieure. Les services fédéraux connectés aux États et collectivités locales échangeront renseignements et informations graphiques. En cas d’attaque bioterroriste, les données médicales seraient diffusées instantanément. Les grands acteurs de Washington, lobbyistes et politiciens de tous bords, partagent le point de vue du président. Un haut débit généralisé serait le bienvenu. Mais quand il s’agit de passer à l’étape suivante, et de proposer un plan d’action, c’est la cacophonie la plus complète. Chacun a son calendrier.
Conflits autour des Baby Bells
Les représentants des Baby Bells, les anciennes compagnies du téléphone local, aimeraient qu’on les libère de leurs obligations : elles sont censées ouvrir leurs réseaux à la concurrence pour que les câblo-opérateurs puissent vendre du haut débit. Du coup, l’envie d’investir dans l’infrastructure nécessaire n’est guère soutenue. Les “câblos” s’accrochent, eux, à la réglementation actuelle. Si elle disparaissait, disent-ils, les Baby Bells se retrouveraient en situation de monopole et augmenteraient leurs tarifs.George Bush s’est bien gardé de trancher. Le président soutiendra, dit-on, les initiatives de Michael Powell, le patron de la FCC (Federal Communications Commission), censées faire respecter la loi sur la communication de 1996. Mais Michael Powell, ardent défenseur de l’économie de marché, est partisan du laissez-faire. Il pencherait pour la libéralisation du cahier des charges des Baby Bells. Au grand dam de Mark Cooper, de la Consumer Federation of America, lobby au service des usagers. “Cette mesure, selon lui, conforterait leurs monopoles et soumettrait les consommateurs à des prix plus forts et à moins de choix.” Le lobby des câblo-opérateurs ne trouverait rien à y redire !En attendant de plus amples éclaircissements, les élus du Congrès y vont eux aussi de leurs propositions. Le sénateur démocrate, Joseph Lieberman, candidat à l’élection présidentielle aux côtés d’Al Gore, veut qu’on mette au point une stratégie nationale pour offrir l’accès universel au haut débit dans les six mois. Sam Brownback, républicain du Kansas, se penche, lui, plus particulièrement sur le sort des zones rurales boudées par les opérateurs historiques, car l’investissement y est trop cher. Le sénateur aimerait qu’on libère les Baby Bells de leurs obligations de concurrence, pour qu’elles connectent les consommateurs ruraux les plus éloignés.Byron Dorgan, son homologue démocrate du Dakota du Nord, pense octroyer aux investisseurs des prêts de 3 milliards de dollars (soit 3,04 milliards d’euros), à faible taux d’intérêt, gérés par le ministère de l’Agriculture. Et Tom Daschle, leader démocrate, plaide pour la création dun bureau de défense des intérêts ruraux au c?”ur de la FCC. La cause campagnarde a décidément le vent en poupe à Washington.* à New York
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