Le groupe informatique français se recentre sur son métier de constructeur en cédant ses activités europé- ennes de services à Steria, qui entre ainsi dans le peloton de tête des dix premières SSII européennes. Simple opportunité ou dernière chance ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : Bull agit à l’inverse d’IBM, HP et autres Compaq, qui cherchent à faire grossir à tout prix leurs activités de services. Pour mener à bien cette dernière réorganisation, le constructeur français s’est associé à deux investisseurs, Caravelle et Axa Private Equity. Le chiffre d’affaires des activités de services cédées atteint 840 millions d’euros, hors maintenance et hors France. Le groupe d’investisseurs associé à Steria reprendra également la majorité d’Intégris France, soit 475 millions d’euros. L’opération sera finalisée à la fin de l’année, le temps de filialiser les activités services de Bull. Avec un montant de la transaction qui devrait s’élever à 300 millions d’euros. Le démantèlement de cette activité, qui n’est bien sûr pas inattendu, a plutôt rassuré le marché. Pour preuve la remontée du cours de l’action du constructeur lors de l’annonce de la cession. Il était temps, après une année 2000 déficitaire et criblée de grosses pertes (1,6 milliard de francs). Mais le projet de développement international de Steria sera-t-il pour autant salué par le marché ?
Bull se transformera en actionnaire de Steria
Selon Jean-François Perret, directeur général de PAC (Pierre Audoin Conseil), cette opération est intéressante pour Steria et sera peut-être, à terme, un beau placement pour Bull : “En acquérant les services de Bull, Steria, qui veut s’étendre à l’international, absorbe en une seule fois plus du double de son chiffre d’affaires, soit un total de 1,3 milliard d’euros (dont 70 % hors de France) et double son effectif avec l’arrivée de 5 000 salariés. Alors qu’un développement international nécessite, généralement, des dizaines d’acquisitions pour atteindre la taille critique. D’autant que la couverture du marché européen, notamment en Angleterre, Allemagne, Italie et Espagne, est un des points forts de Bull.” Toutefois, même si l’affaire est intéressante pour la SSII, l’intégration des entités services du constructeur ne sera pas une mince affaire. Seule l’activité services du groupe informatique en Angleterre était, semble-t-il, bien organisée. A l’issue de l’opération, Bull devrait se transformer en une holding qui détiendra des participations dans Steria (au maximum 15 % du capital). “Si le marché garde son dynamisme actuel, Intégris pourrait être rentable et Bull, transformé en opérateur financier, devenir un actionnaire de poids de Steria”, précise Jean-François Perret. Cette cession concernera plus de 8 300 personnes, dont les 3 300 salariés de l’activité française qui ne devraient pas rejoindre Steria. La SSII n’a pas, en effet, été séduite par la branche Intégris France dont les équipes intervenaient depuis plusieurs années sur ses marchés – banque et administration en particulier. “Après la transaction, Intégris France deviendra une société autonome. Les services de Bull vont ainsi vivre leur vie”, explique Cyrille du Peloux qui serait susceptible de rester à la tête de l’entité. Enfin, du côté utilisateurs, l’inquiétude règne. Le Cube (Club des utilisateurs de Bull), déjà très préoccupé en début 2001 par la réorganisation de Bull, ne peut qu’espérer que le groupe réussisse son opération de recentrage vers les activités de serveurs et de maintenance. “Mais est-ce bien jouable pour Bull qui ne maîtrise plus vraiment la situation, se demande Germain Zimmerlé, président du Cube. Question principale des utilisateurs : le groupe français aura-t-il la surface financière pour rester ma”tre du jeu dans le domaine des serveurs et infrastructures ? Pourra-t-il lutter contre les grands du secteur ?
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