Les pouvoirs publics commencent à prendre la mesure de la vente illicite de médicaments sur Internet. Le problème ne date pourtant pas d’hier. Après
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en janvier dernier, c’est au tour de la Commission européenne de s’en inquiéter. Cette dernière s’émeut aujourd’hui de
la vente en ligne de contrefaçons du médicament Acomplia du laboratoire Sanofi Aventis, alors même qu’il n’a pas encore reçu l’autorisation de mise sur le marché de la part des autorités compétentes.Acomplia est censé lutter contre l’obésité, les facteurs de risque cardio-vasculaire liés et aider au sevrage tabagique. A l’instar du
Viagra, de la DHEA ou du Tamiflu, il s’est rapidement retrouvé sur les étagères de certaines officines en ligne.‘ Les fraudeurs essaient de contourner les voies réglementaires en vigueur d’autorisation et de surveillance des autorités compétentes. Selon une récente enquête des Etats membres, 170 médicaments se sont
révélés être des contrefaçons offertes par des chaînes de distribution illégales, ces cinq dernières années. Ce commerce illégal s’est souvent développé à travers Internet ‘, s’inquiète la Commission européenne dans un
communiqué. Il peut s’agir de contrefaçons, qui au mieux ne contiendront pas de substances actives. Ou bien encore de vrais cachets, alors vendus sans prescription médicale.
Une cyberpharmacie illicite peut gagner plus qu’une pharmacie traditionnelle
Compte tenu de leur activité illicite et du caractère volatil de ces officines en ligne, les autorités peinent à estimer la quantité de médicaments écoulés de la sorte. Toutefois, dans son rapport annuel remis au début du mois,
l’Organisme international de contrôle des stupéfiants (OICS) estime que ‘ d’après les chiffres relatifs aux saisies, une cyberpharmacie illicite réaliserait bien plus d’opérations qu’une pharmacie traditionnelle ayant des
activités licites. Certaines réaliseraient en moyenne chaque jour 450 opérations de vente de médicaments normalement délivrés sur prescription, dont 95 % porteraient sur des substances placées sous contrôle international ‘.
Compte tenu des ces chiffres, le montant des ventes illégales de médicaments est estimé à ‘ des centaines de millions de dollars ‘.En outre, l’OICS met l’accent sur les tarifs pratiqués par les cyberpharmacies. ‘ Les substances proposées sont vendues à un prix beaucoup plus élevé, parfois dans un rapport de 1 à 18, que le prix prévu pour ces
mêmes substances dans le cadre d’un régime d’assurance maladie ou de sécurité sociale, ou d’un plan de maladie privé ‘. En plein battage médiatique sur la grippe aviaire,
le Tamiflu, l’un des rares antiviraux susceptibles d’être efficaces contre le virus H5N1 s’échangeait sur Internet jusqu’à 160 euros la boîte de dix comprimés. Le médicament
était alors introuvable dans les pharmacies françaises.En vue de lutter contre cette contrebande, la Commission européenne indique travailler de concert avec les Etats membres, lAgence européenne des médicaments et les partenaires internationaux. Elle annoncera prochainement des mesures
‘ pour sauvegarder la santé publique ‘.
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