Bruno Perrin, DSI du conseil général du Val-d’Oise, est un promoteur de l’open source. Il est l’initiateur du projet WebCT95, un site Web clé en main fourni gratuitement aux collectivités locales.
Décision informatique : Comment est né le projet WebCT95 ?
Bruno Perrin : Pendant douze ans, le département du Val-d’Oise a géré l’informatique des 111 communes de moins de 10 000 habitants. Nous assurions la maintenance à distance, la formation, les mises à
jour… En 2000, j’ai été nommé responsable du développement des TIC pour les collectivités valdoisiennes. WebCT95 fait partie d’un plan voté en 2002, à côté du haut-débit et de l’informatisation des écoles. WebCT95 prend en compte l’aspect
technologique, l’hébergement, l’assistance et le financement. Aujourd’hui, il a été adopté par 26 collectivités et il est en déploiement dans 38 autres. Certaines collectivités ont-elles critiqué votre plate-forme ?
Nous n’imposons rien aux communes, ce n’est qu’une offre. Une collectivité a fait le choix d’une autre solution, critiquant WebCT95 pour sa lourdeur. Piqués au vif, il ne nous a fallu qu’une demi-journée pour refaire le site de cette
commune. Avant de choisir WebCT95, une autre ville a appelé toutes les collectivités utilisatrices pour savoir si l’une d’elles n’était pas satisfaite. Elle n’en a pas trouvé. Pour nous, WebCT95 n’a pas de concurrent. Un environnement open source, est-ce un choix économique ou bien politique ?
C’est un choix économique. Quand il s’agit de déployer une solution sur 180 communes, le coût des licences n’est pas négligeable. Lors de l’appel d’offres, en 2002, pour la première brique de WebCT95, c’est une solution libre qui
s’est révélée la plus compétitive. Mais ce n’est pas uniquement le système d’exploitation qui compte, c’est toute la brique d’infrastructure. Les outils de BEA ou autres sont bien plus chers qu’un Apache ou qu’un Tomcat. Et, désormais, pour notre
informatique interne, nous avons une partie de notre infrastructure fonctionnant avec Linux.
Cela dit, tout dans WebCT95 n’est pas open source : le module de sondage en ligne d’AreYouNet et l’outil de création de signatures électroniques d’AUD’System sont propriétaires. Une administration procédant elle-même à des développements, n’est-ce pas une concurrence déloyale pour les éditeurs ?
Nous faisons très peu de développement en interne. La plupart du temps, nous confions les développements à des prestataires. En revanche, il n’est pas anormal qu’une administration n’ait pas à payer une deuxième fois ce que nous avons
déjà payé une fois. En outre, certaines sociétés ayant travaillé pour WebCT95 le revendent, ou plus exactement facturent des prestations.
Dans l’administration, il est clair que nous nous dirigeons vers une mutualisation des ressources. Nous aurons de plus en plus de solutions open source métier qui auront été payées une fois par un acteur, et autour
desquelles se développera une offre de prestations. Mais la valeur du logiciel lui-même baissera.Comment un ingénieur des travaux publics devient-il DSI ?
Après un an passé en Arabie Saoudite et plusieurs années à parcourir l’étranger comme technico-commercial et ingénieur d’affaires export dans le domaine du BTP électrique, j’ai souhaité travailler en France, en 1986. Mon employeur m’a
alors chargé de l’informatique. Puis, en 1990, j’ai été recruté comme DSI au CHU de Beaujon à Clichy. J’y ai mis en place un réseau hertzien, en 1994, accessible depuis des ardoises électroniques pour la distribution de soins. C’était du Wi-Fi bien
avant l’heure ! Depuis 1997, je travaille pour le conseil général du Val-d’Oise, en tant que contractuel, avec un CDD renouvelable tous les trois ans.
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