Le 23 octobre 2001 était une date clé dans l’histoire de British Telecom. Prenant le même chemin que ses homologues européens, France Telecom et Deutsche Telekom, le groupe britannique a annoncé l’entrée en Bourse de sa division mobile (ex-BT Wireless), curieusement appelée MMO2. Pas moins de 90 % des actionnaires ont en effet approuvé la scission de BT Group Plc (nouvelle appellation de BT) et de sa nouvelle filiale MMO2. Le baptême du feu aura lieu le 19 novembre avec la première cotation de l’opérateur mobile à la Bourse de Londres. Les actionnaires recevront alors une action BT Group et une action MMO2 en échange de chaque titre BT.
Une dette revue à la baisse
Dès lors, BT Group rassemblera les activités de téléphonie fixe, soit BT Retail, BT Wholesale, BT Openworld et BT Ignite, tandis que la seconde entité, MMO2, chapeautera les activités mobiles de l’opérateur, soit BT Cellnet en Grande-Bretagne, Digifone en Irlande, Viag Interkom en Allemagne, Telfort aux Pays-Bas ainsi que Manx Telecom dans l’île de Man, auxquels s’ajoute le portail Genie. Ces sociétés seront rassemblées par MMO2, dont le nom, selon son PDG Peter Erskine, obéit aux impératifs de “modernisme et d’universalité” de la marque.À l’origine de cette scission, il y a la décision ?” sinon la nécessité ?” en mai dernier, de restructurer le groupe de télécommunications pour apurer sa dette de 29 milliards de livres (soit 47 milliards d’euros). Avec l’objectif d’abaisser ce chiffre à 9 milliards avant mars 2002. Ce qui ne semble pas hors d’atteinte : la vente d’actifs a déjà permis à l’opérateur de réduire sa dette à 17,5 milliards de livres en milieu d’année. Selon les dernières estimations, sa filiale mobile supportera une dette de 500 millions de livres (800 millions d’euros), un chiffre bien inférieur aux 2 milliards de livres avancés par BT lors de l’annonce de la scission.En dépit de la volatilité des cours en Bourse des valeurs TMT (technologies, médias, télécoms), la séparation semble tout de même recueillir la faveur des marchés financiers : “En tant qu’entité indépendante, MMO2 sera mieux à même de se concentrer sur ses activités opérationnelles et sur l’efficacité de son capital. Elle bénéficiera ainsi d’une plus grande liberté de mouvement pour être compétitive en Grande-Bretagne “, a expliqué la banque Goldman Sachs dans une note à ses clients. MMO2 devrait en effet peser entre 6 et 8 milliards de livres, soit 70 pence l’action, lors de son introduction en Bourse.Les sceptiques feront remarquer que cette estimation s’éloigne considérablement des premières prédictions des analystes, lesquels avaient alors tablé sur une valorisation située entre 10 et 15 milliards de livres. Mais les mauvais résultats de la branche mobile ?” liés à une augmentation de seulement 4 % du parc d’abonnés ?” pour le troisième trimestre de l’année 2001 ont imposé cette correction. La société affiche une valorisation inférieure de 6 % à celle d’Orange et de 7 % à celle de Vodafone. Une décote qui n’est pas forcément mal perçue par les milieux financiers : “Selon ces estimations, l’opération présenterait malgré tout un très bon retour sur investissement pour les actionnaires “, commente David Buik, de Cantor Index.
Prédateurs sur le qui-vive
Mais un autre scénario agite la communauté financière. Celui d’un rachat de l’opérateur mobile. Séparé de sa maison mère, ce dernier n’aurait en effet pas les reins suffisamment solides pour se développer tout seul sur le marché européen : “MMO2 risque de devenir une proie facile pour ses concurrents quels qu’ils puissent être, de Telefonica à Telecom Italia, poursuit David Buik. Mais ce ne sera pas pour autant un mal pour les actionnaires.”Il n’empêche. Avec ses 16,8 mil-lions d’abonnés répertoriés en octobre, le nouvel opérateur prend le pari risqué de recouvrir quatre marques différentes et qui, en outre, sont à des stades de développement inégaux : si BT Cellnet, avec 78 000 abonnés supplémentaires au troisième trimestre 2001 , commence à perdre du terrain dans son pays, Viag Interkom se place déjà quatrième et bon dernier en Allemagne avec 3,39 millions d’abonnés, alors que Deutsche Telekom, le leader sur ce marché, peut en aligner 22,6 millions. De manière générale, aucun des opérateurs dans l’orbite du groupe ne possède le leadership dans son pays. Mais en dépit de ces modestes chiffres, BT fait valoir une confiance sans limites dans cette opération : à la fin octobre, Sir Christopher Bland, président de British Telecom, laissait clairement entendre que, si la scission ne créait pas de la valeur pour ses actionnaires, il tirerait sa révérence. Coup de bluff ou sincérité ?* à Londres
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