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British Telecom décapité, la City dépitée

L’éviction du président de BT, pourtant suggérée par la Bourse, a fait chuter le titre à Londres. Les marchés, le nez fixé sur la dette, veulent une réforme.

La City réclamait depuis des mois la tête du président de British Telecom. Mais l’annonce, jeudi 26 avril, du départ d’Iain Vallance, remplacé par Christopher Bland, président de la BBC, n’a pas produit l’effet voulu : le titre de l’ex-monopole public en difficulté a carrément plongé, perdant 6 % en quelques minutes et orienté à la baisse depuis. Un coup rude alors que depuis quelques semaines, la valeur reprenait son souffle, après un début d’année chahuté. L’ennui, c’est que les investisseurs attendaient un remaniement plus vaste au sein de la maison, histoire de la faire repartir sur de nouvelles bases.Fin 1999, le titre cotait 15 livres (24,1 euros), c’est-à-dire trois fois plus qu’aujourd’hui ! “Le changement de président va dans la bonne direction mais cela ne règle pas les problèmes“, estime Stéphane Beyazian, analyste au Crédit Lyonnais. “ Il faut qu’ils appliquent une stratégie qui corresponde à ce qui a été promis“, notamment une réduction de la dette. Car BT a accumulé un endettement de 30 milliards de livres (48 milliards d’euros), presque l’équivalent de sa capitalisation boursière (35 milliards de livres). La dette a explosé en 2000 à la suite de multiples opérations de croissance externe et du fait du coût faramineux des licences de téléphonie mobile de troisième génération. Montant de la facture : 10 milliards de livres…Concurrencé sur ses terres par de nouveaux opérateurs, l’emblème de la privatisation des années Thatcher est accusé d’avoir raté l’explosion de la téléphonie mobile et d’internet. Dans le mobile, BT, présent par BT Cellnet (8,7 millions d’abonnés en Grande-Bretagne), est loin derrière Vodafone (10,2 millions) et risque de se faire dépasser en 2001 par Orange, récemment racheté par France Telecom. À l’automne dernier, Peter Bonfield, le directeur général, également sur la sellette, avait dévoilé un programme de restructuration, prévoyant la mise en Bourse d’une partie des activités et des cessions d’actifs afin de réduire l’endettement. Les participations dans Cegetel (26 %) et dans l’Espagnol Airtel (17,8 %) étant en tête des lots à céder. Des projets toujours à l’état d’intentions et tombés en pleine tourmente des marchés. “Pour le moment, ils sont coincés. Il n’y a pas beaucoup de portes de sorties, et c’est pour cela que le titre baisse“, observe Stéphane Beyazian.Autre souci pour la City : le départ d’Iain Vallance devrait ouvrir la voie à une augmentation de capital de 5 à 10 milliards de livres, qui risque de peser encore sur le titre. Iain Vallance avait toujours refusé de toucher au dividende, ce dernier n’ayant jamais été réduit depuis la privatisation de BT en 1984. “Un tournant a été négocié mais ce n’est pas suffisant “, juge un analyste d’ABN Amro. “ Il nous faut plus de précisions sur la nouvelle stratégie de BT et sur laugmentation de capital avant de racheter du titre.

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Pauline Damour, à Londres