Opération coup de poing. Bouygues Telecom n’a pas hésité à assigner son rival Free devant le tribunal de commerce de Paris pour « pratique commerciale trompeuse » ce 25 novembre. Il l’accuse de limiter le débit de ses clients mobiles qui sont en itinérance chez Orange pour la 3G. Une manœuvre qui permettrait à Free d’économiser de l’argent et de casser les prix des abonnements. Sauf qu’il n’existe aucune preuve formelle de la culpabilité de Free…
UFC Que choisir avait attaqué Free dès janvier 2013
Ce qui est avéré, c’est la qualité dégradée de service fourni par Free à ses clients mobiles qui tentent d’accéder à des fichiers multimédias dans des zones couvertes par les antennes d’Orange. « Nous avons réalisé trois études entre 2013 et 2014 avec des tests de terrain qui montrent tous un taux de défaillance marqué pour accéder à des sites gourmands en bande passante comme Youtube. Une situation qui résulte assurément d’une restriction du débit », confirme Antoine Autier, chargé de mission nouvelles technologies chez UFC Que Choisir. C’est la raison pour laquelle l’association a porté plainte dès janvier 2013 contre l’opérateur, espérant que la justice lancerait une enquête à ce sujet. Mais la procédure est toujours au point mort.
« Si nous avons attaqué Free, c’est parce qu’en tant qu’opérateur, il se trouvait responsable du service fourni à ses clients. Mais nous ne disposons d’aucun élément pour affirmer que c’est lui qui bride le réseau. Nous espérons que cette nouvelle plainte de Bouygues va aider à faire la lumière sur cette affaire », nous a encore confié Antoine Autier.
L’appli 4GMark a, elle aussi, publié des tests prouvant que le débit délivré aux utilisateurs de Free variait en fonction des types de fichiers téléchargés. Par ailleurs, Bouygues Telecom a commandé une étude au cabinet Directique afin d’étayer sa plainte. Bouygues dispose donc peut-être d’éléments supplémentaires allant dans ce sens. Mais si bridage il y a, la faute à qui ?
Bouygues attaque mais Free et Orange gardent le silence
Pour l’expert Alain Petit, responsable Benchmarks et Etudes chez IP label, c’est maintenant à la justice de charger une ou plusieurs sociétés comme la sienne de réaliser des mesures. « Grâce à des tests de mobilité qui seront faits par rapport à des antennes, il sera possible de déterminer avec précision et justesse qui bride quoi », nous explique-t-il.
En attendant, le jeu de poker menteur continue. L’hypothèse de Bouygues est que Free briderait lui-même le débit pour reverser moins d’argent concernant la location des antennes à Orange. Il est vrai que la somme, confidentielle, s’élèverait actuellement entre 500 et 700 millions d’euros selon le journal Les Echos. En limitant la consommation de ses clients les plus gourmands, Free économiserait une centaine de millions d’euros chaque année…
Pourtant, au mois de janvier 2013, Xavier Niel laissait entendre dans un mail adressé à l’émission Envoyé spécial que ce serait Orange le coupable. Quel intérêt pour l’opérateur historique ? Nuire à l’un de ses concurrents. Mais aussi tout simplement protéger son réseau. Car des pannes ont déjà eu lieu par le passé sur le réseau Orange à cause de pics de consommation de clients Free. Sauf qu’il se priverait dans le même temps d’une belle manne d’argent. Et qu’il violerait l’accord qui le lie à Free…. Enfin, on a du mal à imaginer Niel se satisfaisant d’un contrat d’itinérance qui pénalise ses clients et le lie jusqu’en 2018 à Orange !
Le dernier scénario possible reste celui, qui n’est pas nouveau, d’un accord à l’amiable entre Free et Orange pour brider ce fameux débit 3G car ils y trouvent chacun leur intérêt. Les deux opérateurs ont choisi en tous cas de garder le silence depuis l’annonce de l’assignation en justice de Free par Bouygues Telecom.
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