A l’occasion de la Linux Expo Paris 2002, Brian Belhendorf a défendu une vision pragmatique des relations entre la communauté open source et les grands éditeurs de logiciels propriétaires.Devant une assemblée d’environ 800 personnes, Belhendorf a estimé que le projet .NET de Microsoft était la menace numéro un pour la communauté open source : “Il s’agit d’une nouvelle guerre de plates-formes. Après avoir gagné la guerre des navigateurs Web, Microsoft se prépare à gagner celle de la personnalisation du Web.”Passant en revue les composantes de .NET, Brian Belhendorf a salué les projets Passport : “La communauté open source n’a pas les ressources nécessaires pour offrir un service équivalent aux internautes. Il me paraît souhaitable de nous unir au projet Liberty Alliance, s’il est possible d’y implémenter des spécifications open source.“Liberty Alliance est un projet de système d’authentification concurrent de la technologie Microsoft Passport. Sun Microsystems, AOL Time-Warner, American Express, MasterCard, France Télécom, ou encore HP, sont membres de ce consortium.
Garder propriétaire le code source générant du chiffre d’affaires
Plus étonnant, Brian Belhendorf approuve la politique hybride de licences des éditeurs de logiciels. “Je pense qu’il faut créer des projets open source, même avec ses concurrents, afin de permettre l’interopérabilité entre les logiciels et le partage des technologies. En revanche, il est juste de garder en code propriétaire ce qui peut générer du chiffre d’affaires pour votre entreprise.”Face à la multiplication du nombre de distributions Linux (environ 250, actuellement), des gestionnaires de fenêtres et des langages de programmation, Brian Belhendorf demande aux développeurs d’être vigilants pour ne pas refaire plusieurs fois le même travail de développement.” Privilégiez des projets existants, réutilisez au maximum les codes sources de vos prédécesseurs et évitez de partir systématiquement dans de nouvelles directions “, a-t-il recommandé, La communauté open source doit rester ouverte à de nouvelles idées, mais doit éviter de disperser ses forces si elle veut avancer. “
Promouvoir une culture du partage
Bien que pragmatique, Brian Belhendorf n’en reste pas moins un véritable hacker, convaincu du rôle social joué par les développeurs à l’ère numérique. “Les développeurs peuvent changer le monde en écrivant des logiciels conformes à leurs idéaux. Nous devons promouvoir une culture de partage pour défendre nos libertés. Notre société repose de plus en plus sur le logiciel, tout est désormais contrôlé par du logiciel. Le développement des nanotechnologies, du bioengeenering ouvrent de nouveaux horizons mais aussi de nouveaux monopoles pour des entreprises peu scrupuleuses. Il est important de ne pas laisser aux entreprises le contrôle des logiciels : avoir le code source, c’est préserver les libertés.”Il a aussi encouragé les jeunes développeurs à créer des sociétés informatiques consacrées aux services autour du logiciel libre. “Une entreprise comme IBM fournit du support Linux. Mais est-ce que IBM va fournir du support pour Mozilla sur Linux ? Ou du support pour MySQL ?, s’est-il interrogé. Il existe un marché pour des sociétés prestataires de services Linux, et c’est grâce à elles que lopen source gagnera du terrain chez les professionnels “, a-t-il conclu.
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