Brian Bauer dirige les systèmes d’information de Cadence Design Systems depuis un peu plus d’un an. Il était auparavant chez United Airlines. La société fournit des outils logiciels de design électronique automatisé, ainsi que des services associés. Pratiquement tous les fournisseurs de matériel informatique, réseaux ou électronique sont ses clients : Alcatel, AMD, Apple, Bull, Cisco, HP, Nokia, Sony, Siemens, Texas Instruments, Toshiba, Philips… pour ne citer qu’eux.Pourquoi avez-vous réorganisé le service informatique ?Je voulais le rapprocher des activités de la société. Sa gestion, jusque-là organisée de façon fonctionnelle, s’est désormais alignée sur les métiers.Quel budget gérez-vous ?Je contrôle directement environ 80 millions de dollars par an. Parallèlement, je peux influencer les investissements réalisés par les divisions : je définis leurs standards, et je gère les priorités les concernant. Ces dépenses atteignent entre 20 et 40 millions de dollars. Avant mon arrivée, la plupart des investissements réalisés dans les divisions étaient difficiles à évaluer. Une fois la visibilité remontée au niveau du département informatique, les dépenses sont devenues plus identifiables. Elles se répartissent en trois catégories : les dépenses directes, concernant chacune des divisions ; les dépenses à l’initiative de chaque division, repérables et mesurables ; et les dépenses générales, qui correspondent à ce qui reste une fois déduites celles des deux premières catégories. Nous utilisons donc, pour nos achats, un modèle hybride ?” à la fois centralisé et décentralisé. Je voudrais pousser ce modèle plus loin, comme s’il s’agissait d’un gouvernement fédéral. Dans certains cas, je vais décider de réaliser des travaux, d’informer la division concernée et d’écouter ses commentaires. Dans d’autres, une division viendra vers moi pour exprimer un besoin ; et si l’idée est bonne, j’essaierai d’y rallier tout le monde.Calculez-vous les retours sur investissement des projets informatiques ?Nous les calculons pour tous les projets significatifs ?” à partir de 500 000 dollars ?”, en utilisant des méthodes comptables standards. Il nous arrive de les mesurer sur trois ans. Parfois, ils sont réalisés en moins d’un an. Par exemple, l’année dernière, toute notre messagerie est passée des systèmes Unix à Outlook Exchange. Nous avons fait migrer cinq mille six cents postes de travail en l’espace de sept mois et dépensé environ 8 millions de dollars. Avec la standardisation et les gains de productivité, cet investissement devrait être récupéré en un an.Quelles relations entretenez-vous avec les fournisseurs ?Comme ce sont aussi nos clients, je suis très prudent. Tout au long de ma carrière, j’ai testé toutes les approches possibles dans la gestion des relations avec les fournisseurs. Ce que je préfère, c’est entretenir avec eux des relations de partenariat. Car, dans certaines circonstances, ils peuvent m’apporter une valeur qui ne s’achète pas sur le marché. Avant de parler prix, je dois d’abord m’assurer que je pourrai construire un partenariat, fondé sur une confiance vérifiable, en vue d’établir une relation à long terme. Je n’hésite pas à me détourner d’un fournisseur dont j’apprécie le produit si j’estime que je ne pourrai pas travailler avec la personne. Ensuite, j’entretiens des relations avec les cadres de haut niveau, qui ont tendance à rester plus longtemps dans une société. Par ailleurs, j’ai lancé une série de table rondes de DSI dans la Silicon Valley, auxquelles participent des entreprises telles que Veritas, Siebel ou Symantec. Et ce pour échanger nos expériences.En quoi consistent ces tables rondes ?Nous cherchons à entretenir les meilleures relations avec nos fournisseurs. Nous examinons les problématiques auxquelles nous devons faire face et essayons d’y répondre dans la mesure où nous avons des intérêts et des problèmes communs.Feriez-vous confiance à une start up en tant que fournisseur ?Dans le domaine de l’informatique, de nouvelles idées apparaissent constamment. Par exemple, lors des six derniers mois, des capital-risqueurs ont investi de manière significative dans des sociétés spécialisées dans le stockage. Cinq d’entre elles ont levé autour de 400 millions de dollars. J’observe ce qui se passe, parce que je suis à l’affût des avancées dans le domaine de la gestion du stockage. Or, les innovations viennent des petites sociétés. Dans cette industrie, si nous n’encouragions pas les idées nouvelles, nous deviendrions des dinosaures.
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