Je m’approche du comptoir. Jean-Philippe me suit des yeux et me salue. Interloquée, je cherche qui me parle. Jean-Philippe renouvelle sa formule de bienvenue. Stupeur ! Il est en face de moi, appuyé sur une réplique du comptoir où je m’accoude. Jouerait-il à cache-cache derrière l’écran ? Je me penche par-dessus la banque : impossible, ou alors c’est un homme-tronc. En fait, Jean-Philippe est à Lannion, en Bretagne, et moi à Issy-les-Moulineaux, près de Paris. Il me voit comme je le vois, par écran interposé, et m’entends comme je l’entends : très bien. Ce lieu conçu par un designer paraît propice à la conversation, que nous entamons. Le son et l’image sont bien synchronisés.D’autres personnes s’approchent de mon comptoir, tandis qu’une collègue de Jean-Philippe prend place à côté de lui. Mes voisins se mettent à parler avec la nouvelle arrivée. Les yeux dans les yeux, Jean-Philippe et moi poursuivons notre discussion sans élever la voix. Il ne me paraît pas grand. “C’est vrai, réplique-t-il, je mesure 1 mètre 63 et l’écran restitue ma taille réelle.”
Oubliés, la caméra et le microphone !
Quelqu’un, un dossier sous le bras, traverse l’écran derrière Jean-Philippe, et adresse à notre petit groupe un “coucou !” sonore appuyé de grands gestes. Tous en ch?”ur, nous lui répondons. Oubliées, les inhibitions habituellement provoquées par la présence d’une caméra et de microphones !Il est vrai que la panoplie audiovisuelle et informatique, bien que présente, est parfaitement dissimulée. En dépit de son nom, le “mur de téléprésence” expérimenté par France Télécom se laisse franchir sans difficulté. Mais patience : il faudra attendre au moins 2003 pour pouvoir utiliser ces agréables parloirs virtuels
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