Le monde des affaires est parfois complexe. Bouygues Telecom est sur le point d’enterrer sa hache de guerre avec Free et de lui vendre la totalité de son réseau mobile pour pouvoir mettre la main sur la filiale de Vivendi. Et l’on découvre maintenant que les deux opérateurs sont actuellement en conflit juridique. L’Expansion révèle que le groupe de Martin Bouygues a porté plainte le 3 février devant le Tribunal de commerce de Paris contre Free Mobile, reprochant à ce dernier des pratiques trompeuses constitutives de concurrence déloyale sur la 4G et le dénigrement de ses services haut débit mobile. Le préjudice estimé est de 28 millions d’euros.
De quoi s’agit-il ? En décembre dernier, Xavier Niel s’est risqué à une comparaison des services 4G peut-être un peu hâtive, dans les colonnes du Journal du Dimanche. « La 4G, c’est du haut débit sur le mobile. Pour avoir cette vitesse de téléchargement au-dessus de 80 mégabits, Free a 700 antennes, contre 530 pour Bouygues Telecom. Pour SFR, c’est 724. Seul Orange en a encore plus. Les autres antennes ne font pas de haut débit, elles ne servent qu’à afficher 4G sur votre téléphone », a expliqué le patron d’Iliad. Martin Bouygues, qui a cette époque totalisait déjà plus de 5.500 antennes 4G, n’a pas du tout apprécié.
Fréquences hautes, fréquences basses
Il y a pourtant une part de vérité dans ces propos. Les 530 antennes dont parle Xavier Niel sont les antennes 4G sous fréquence 2,6 GHz. Ces antennes ont, en effet, un débit bien plus élevé que les antennes 4G sous 1.800 MHz ou 800 MHz. La raison est d’ordre physique : plus la fréquence des ondes électromagnétiques est élevée, plus le débit l’est aussi. En revanche, les fréquences basses ont l’avantage d’avoir une portée plus longue. Le seul opérateur à disposer d’un large réseau 4G sous fréquence 2,6 GHz est Orange, avec 4.100 antennes en service actuellement (SFR : 812 ; Bouygues : 854 ; Free : 1115).
Ce n’est pas un hasard : l’opérateur historique cherche à se différencier avec un réseau mobile ultrarapide qu’il est le seul à pouvoir déployer à grande échelle. En effet, couvrir une zone avec des antennes 2,6 GHz coûte nettement plus cher qu’en fréquence basse, étant donné le faible rayon d’action. Mais là où Xavier Niel exagère quand même, c’est en soutenant que « les autres antennes ne font pas de haut débit », et ne serviraient « qu’à afficher 4G » sur le téléphone. Et c’est certainement sur cette phrase là que porte l’essentiel de la plainte de Bouygues.
Mais Xavier Niel n’a peut-être pas à s’en soucier. Si Bouygues met la main sur SFR, l’accord avec Free sera finalisé. La procédure de justice sera alors certainement enterrée…
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Xavier Niel se fait le grand avocat de l’offre de Bouygues sur SFR, publié le 10 mars 2014
Vente de SFR : 5 questions pour tout comprendre, le 7 mars 2014
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