Meta s’est lancé dans la course à l’IA générative avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaines : sans nuances, et en faisant le plus de dégâts possibles ! La lubie du groupe de Mark Zuckerberg depuis un an ou deux est d’imposer aux utilisateurs de ses réseaux sociaux et de ses messageries des interactions avec des bots IA, qu’ils le veuillent ou pas.
Fausses vies, vrais problèmes
Une déclaration a mis le feu aux poudres cette semaine, celle de Connor Hayes, vice-président produit pour l’IA générative. Il a annoncé dans le Financial Times que Meta avait bien l’intention d’intégrer des profils de bots IA se faisant passer pour des humains : « [ils] auront des bios et des photos de profil, et ils pourront générer et partager du contenu alimenté par l’IA sur les plateformes ». Et il s’agit d’une priorité pour l’entreprise.
Durant une période plutôt calme en actus, cette déclaration a été reprise partout, y compris dans nos colonnes, et elle beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Elle illustre combien Facebook et Instagramdérivent de plus en plus vers la déshumanisation des échanges, alors que leur fonction de base est de permettre à des humains de se connecter et d’échanger entre eux. Voir débouler les bots de Meta avec leurs gros sabots sur les réseaux sociaux n’a rien de très emballant — ce d’autant que la pollution des bots IA (spams, escroqueries en tout genre) dépasse déjà la cote d’alerte.
Dans la foulée des propos de Connor Hayes, des utilisateurs ont commencé à repérer le manège de plusieurs bots étiquetés « an AI managed by Meta ». On peut au moins reconnaitre que l’entreprise annonce la couleur. Des bots particulièrement caricaturaux, qui partagent des images et et des textes complètement bidons et mensongers générés par IA.
« Liv » est devenue virale ces derniers jours : cette « fière maman noire queer de deux enfants et chercheuse de vérité » se présente comme « votre source la plus authentique [sic] pour les hauts et les bas de la vie ». Parmi ses publications, des photos de ses « enfants » aux mains bizarres qui ne sont jamais les mêmes d’une image à l’autre, ou encore un don (faux) de vêtements accompagné d’un encouragement à « aider sa communauté ». L’insulte ajoutée à la caricature.
Ces bots ne sont cependant pas apparus ces derniers jours. Ils sont en fait présents depuis plus d’un an, assez discrètement car leurs publications ne font guère de vagues. D’ailleurs, la plupart n’ont plus rien posté depuis avril 2024. Il a fallu attendre la déclaration de Hayes pour que les utilisateurs les remarquent et désespèrent devant tant de vacuité.
Une porte-parole de Meta, Liz Sweeney, a expliqué qu’il y avait eu une confusion entre les propos du vice-président IA générative et la présence de ces bots. « L’article récent du Financial Times portait sur notre vision des personnages d’IA sur nos plateformes à long terme, et non sur l’annonce d’un nouveau produit», précise-t-elle auprès de 404media. « Les profils mentionnés proviennent d’un test que nous avons lancé (…) en 2023. Ils étaient gérés par des humains et faisaient partie d’une expérience précoce que nous avons menée avec des personnages d’IA ».
De fait, ces fameux profils ont effectivement été supprimés. Mais d’autres arriveront, à croire les annonces de Meta, et rien ne dit qu’ils soient plus pertinents ou engageants. L’expérience passée montre que ça risque d’être compliqué.
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Source : 404media
