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Blue Origin : Jeff Bezos a réussi son premier vol spatial à bord de sa fusée New Shepard

Le très médiatique premier vol habité de Blue Origin s’est bien passé. Une première qui ouvre les portes à d’autres vols en 2021 et 2022, et à de grandes ambitions à long terme.

Homme le plus riche de la planète. Ex-patron d’Amazon. Fondateur de Blue Origin, et désormais spationaute ! L’Américain Jeff Bezos, a réalisé mardi son rêve d’espace à bord du premier vol habité de son entreprise Blue Origin, marquant ainsi une nouvelle étape pour la bourgeonnante industrie du tourisme spatial.
Le propulseur New Shepard, avec à son sommet une capsule transportant quatre personnes, s’est envolé à 15h11 GMT), avec quelques minutes de retard sur l’horaire prévu, depuis un site isolé dans le désert occidental du Texas, à 40 km de la petite ville de Van Horn.

Une première du tourisme spatial

Aux côtés de Jeff Bezos, à bord de ce vol entièrement autonome, figuraient son frère Mark, la pionnière de l’aviation Wally Funk, 82 ans, et le premier client payant de Blue Origin, un Néerlandais de 18 ans, Oliver Daemen, qui sont devenus respectivement l’astronaute la plus âgée et le plus jeune de l’Histoire. New Shepard a accéléré vers l’espace à l’aide d’un moteur fonctionnant à l’hydrogène et à l’oxygène liquides, sans émission de carbone. La capsule s’est ensuite séparée de son propulseur et les néo-astronautes ont passé quelques minutes à 107 km d’altitude, au-delà de la ligne Karman (100 km), limite internationalement reconnue entre l’atmosphère terrestre et l’espace.

Ils ont pu admirer la courbe de la planète bleue et le noir profond du reste de l’univers, depuis de larges baies vitrées comptant pour un tiers de la superficie de la cabine. « C’est tout noir ici », s’est exclamé Wally Funk, selon le flux audio provenant de la capsule.
Après quelques minutes en apesanteur, la capsule est redescendue en chute libre avant de déployer trois parachutes géants, puis d’activer un rétropropulseur pour atterrir délicatement dans le désert après un vol d’environ dix minutes.

A leur sortie, les quatre passagers, en bonne état de forme, ont été accueillis par des cris de joie des équipes de Blue Origin. Jeff Bezos arborait un chapeau de cow-boy.

« Pas une compétition », mais une course au long cours

Le propulseur principal est, lui, revenu de manière autonome vers une aire d’atterrissage près du site de lancement. La mission intervient le jour du 52e anniversaire des premiers pas de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune. « Félicitations », a tweeté la NASA, se disant « impatiente des vols à venir avec des chercheurs et des cargaisons » de matériel technologique de l’agence spatiale américaine.

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« Bien joué », a, pour sa part, salué sur Twitter le milliardaire britannique Richard Branson, qui avait coiffé Jeff Bezos au poteau en s’envolant vers l’espace le 11 juillet dans un avion de Virgin Galactic. Mais il n’avait atteint que 86 km d’altitude.

L’ex-PDG d’Amazon, âgé de 57 ans, insistait toutefois avant le vol sur le fait que ce petit tour dans l’espace « n’est pas une compétition ». « Il s’agit de construire une route vers l’espace pour que les générations futures puissent y faire des choses incroyables », disait-il lundi sur la chaîne NBC.

Le fondateur d’Amazon a créé Blue Origin en 2000 avec pour but, un jour, de bâtir des colonies spatiales flottantes, dotées de gravité artificielle et où des millions de personnes pourraient travailler et vivre. Aujourd’hui, l’entreprise développe une fusée orbitale à forte poussée nommée New Glenn, mais également un module d’alunissage dans l’espoir de décrocher un contrat avec la NASA dans le cadre de son programme Artemis. Blue Origin espère ainsi devenir le partenaire privé principal de l’agence spatiale américaine.

Un début et d’autres vols en 2021

Ce premier vol habité de Blue Origin a aussi été le premier transportant un passager payant. Oliver Daemen a remplacé le vainqueur initial des enchères organisés en ligne à la mi-juillet, qui a payé son billet 28 millions de dollars, mais a décidé de passer son tour. Wally Funk, membre du projet d’entraînement des astronautes féminins Mercury 13, avait dû renoncer à son rêve à cause du sexisme ambiant dans les années 1960. Elle avait promis de profiter à fond de ce voyage.
Blue Origin prévoit deux autres lancements cette année et « beaucoup d’autres » dès 2022, malgré le prix de cet aller-retour express. « Il y a manifestement un grand intérêt » et les premiers vols « partent à un très bon prix », a assuré le directeur général de Blue Origin, Bob Smith.

Un troisième milliardaire, Elon Musk et sa société SpaceX, se joindra à la course à l’espace en septembre avec une expédition orbitale composée uniquement de civils à bord de sa fusée Crew Dragon. SpaceX s’est également alliée avec l’entreprise Axiom pour emmener des visiteurs à bord de la Station spatiale internationale. Ces onéreuses expéditions attirent aussi les critiques, dans un contexte de catastrophes climatiques répétées et de pandémie de coronavirus.

« Le Covid-19 a apporté la douleur, la souffrance et la mort aux Américains. Et on devrait se soucier des milliardaires qui voyagent aux frontières de l’espace ? », a ainsi questionné l’élu démocrate Hakeem Jeffries.

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Issam AHMED, AFP