Pour reprendre une expression populaire, les autorités chinoises n’y vont pas avec le dos de la cuillère. A l’approche du prochain Congrès du Parti communiste, le 15 octobre prochain, elles ont entrepris un grand nettoyage
sur la Toile, en allant jusqu’à fermer directement les centres de données Internet où sont regroupés les serveurs Web. Cette purge est censée durer jusqu’à la fin de l’année, en principe.‘ Ils sont vraiment décidés cette fois ! ‘ s’inquiète Wang Jiangshuo, un éminent blogueur de Shanghai. Il faut dire que le gouvernement chinois ne lésine pas sur les moyens pour mettre
au pas les blogs et autres sites contenant, selon lui, des ‘ informations illégales ‘, un terme vague qui englobe aussi bien la pornographie que les discours dissidents et les critiques politiques. En
effet, au lieu de bloquer uniquement l’accès aux sites incriminés, comme auparavant, les autorités ordonnent la fermeture de l’ensemble des serveurs du centre de données Internet (CDI) qui héberge les serveurs.Du coup, des milliers de blogs et sites perso chinois, qui ne contenaient aucune ‘ information illégale ‘, sont également déconnectés et deviennent inaccessibles. Les blogueurs locaux se sentent frustrés et les
commentaires vont bon train. ‘ Mon petit site professionnel sur les robots et la robotique et son forum viennent d’être fermés. S’ils bloquent tous les sites techniques comme le mien, comment faire avancer la science en
Chine ? Je suis très déçu par l’attitude de l’Etat ‘, s’exaspère ainsi un internaute local.
Tout le pays est touché
Et cela ne s’arrête pas là… Le gouvernement exige des CDI qu’ils ferment tout espace interactif des sites qu’ils hébergent, sous peine, là encore, de déconnexion. Il s’agit cette fois d’empêcher les
internautes de donner leurs avis sur les forums perso ou de laisser leurs commentaires sur un blog. ‘ Plusieurs de mes amis ont vu l’espace commentaires de leur blog fermé directement par leur hébergeur, sans même avoir
été prévenus ‘, relate Wang Jiangshuo.Les autorités chinoises ne cachent aucunement leurs intentions et se félicitent du succès de cette campagne de grande envergure. Ainsi les bureaux de gestion des communications des villes de Canton et de Shenzhen ont présenté
dernièrement les nouvelles mesures et ont annoncé à cette occasion la fermeture de près de 3 000 serveurs entre le 27 août et le 10 septembre dernier, en indiquant que la campagne durerait jusqu’à la fin 2007.C’est tout l’Empire du milieu qui est concerné, avec la coopération de 10 ministères différents. Dans la province du Henan, ce sont les 500 serveurs du CDI de Luoyang qui ont sauté d’un coup et le chiffre d’un millier
à Shantou, en face de Taiwan, circule. Même Shanghai n’est pas épargnée avec la fermeture ces derniers jours du CDI de Waigaoqiao, le plus important, et l’un des plus avancés techniquement de la ville. ‘ Avec entre 100
et 200 sites hébergés par serveur, faites les comptes, on va bientôt arriver au million de sites fermés, c’est hallucinant ! ‘ enrage un blogueur pékinois.Difficile de savoir si cette ‘ cyber-purge ‘ chinoise durera vraiment au-delà du 17e Congrès du Parti. Une chose est sûre, en tout cas : pour les quelques
40 millions de blogueurs chinois, la marche vers la liberté d’expression risque d’être encore longue.
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