Conçu pour télécharger de gros fichiers sans consommer trop de bande passante, le logiciel est vite devenu l’un des outils favoris des pirates pour échanger films, CD et autres jeux vidéo. Pourtant, il était jusqu’ici
facile de repérer et fermer les sites autorisant l’échange illicite de fichiers via BitTorrent grâce aux ‘ traqueurs ‘, petits fichiers installés sur un serveur et permettant d’identifier les personnes
partageant le document à télécharger. Un composant essentiel pour les utilisateurs de BitTorrent, car avec cette technologie plus un fichier est mis à disposition par des internautes, plus vite il sera téléchargé.Mais, désormais, il faudra développer une nouvelle stratégie antipiratage. Dans la
dernière version du logiciel, ces ‘ traqueurs ‘ disparaissent.
Bram Cohen, le développeur à l’origine de ce logiciel, souhaite en effet étendre au plus grand nombre la possibilité de diffuser ses productions sur le Net.S’adressant à ses utilisateurs, il justifie son choix : ‘ Nombre d’entre vous ont des blogs et des sites perso, mais n’ont pas les moyens techniques de mettre en place un traqueur. Dans
cette version, nous avons intégré une méthode de publication optionnelle sans traqueur. N’importe qui avec un site Web et une connexion Internet peut héberger un téléchargement BitTorrent. ‘En réalité, les traqueurs ne disparaissent pas tout à fait, ils laissent leur place à des DHT (distributed hash table) qui transforment chaque logiciel client BitTorrent en mini traqueur et qui sont utilisés par
d’autres réseaux de peer-to-peer tels Gnutella ou Napster. Les liens vers les fichiers mis à disposition seront ainsi dorénavant situés dans le logiciel, donc sur le PC, et plus sur les sites perso ou les blogs.A priori, cette nouvelle a de quoi réjouir les pirates potentiels. Sans traqueur, il deviendrait plus difficile de repérer et de fermer les sites pointant
vers des téléchargements illégaux. Pourtant, Peter, un inspecteur-enquêteur au bureau français du BSA (Business Software Alliance) qui a tenu à rester anonyme,
n’est pas inquiet : ‘ C’est un système qui existe depuis janvier dans le logiciel Azureus [une version évoluée de BitTorrent, NDLR]. Nous travaillons déjà depuis quelque temps sur ce
problème. Si les traqueurs disparaissent, il reste toujours les liens pointant vers le téléchargement sur les sites Web. Nous attaquerons les sites avec ces liens en envoyant un courriel à l’hébergeur et en lui demandant de retirer ceux qui
pointent vers des logiciels piratés. ‘Pas question pour autant de s’attaquer directement à BitTorrent. Premières victimes des pirates, nombre d’éditeurs utilisent en effet cette technologie pour l’envoi de leur mise à jour et de démos et n’y renonceront pas de sitôt.
Pour Julia Gastaldi, porte-parole de Blizzard France, éditeur de World of Warcraft (dont les mises à jour reposent sur BitTorrent), ‘ ce récent changement n’affectera pas notre service de
téléchargement ‘.Peter confirme : ‘ La technologie BitTorrent est bonne et permet, contrairement à Kazaa, de vérifier la validité et l’intégrité des documents diffusés. ‘ De quoi encourager Bram
Cohen, qui planche désormais sur un moteur de recherche pour repérer les documents BitTorrent non équipés de traqueurs.
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