Bitcoin « pourrait être le projet technologique le plus dangereux depuis la création d’Internet ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jason Calacanis, bloggeur et fameux entrepreneur américain, n’y est pas allé de main morte pour décrire cette monnaie virtuelle qui agite le Web depuis quelques semaines. Et il n’est pas le seul à s’enflammer sur le sujet.
D’autres crient carrément à l’arnaque, critiquant une monnaie qui ne repose sur aucune base économique solide. Les défenseurs de Bitcoin s’insurgent, en mettant l’accent sur le côté expérimental de la technologie et estiment que « Bitcoin tire sa valeur de son acceptation comme moyen de paiement. Sa valeur initiale sur le marché a été obtenue lorsque les gens ont spéculé que, de par ses propriétés, la monnaie allait être acceptée ensuite par d’autres », indique la FAQ du projet.
Bitcoin existe depuis deux ans, mais reçoit une attention toute particulière depuis quelques semaines. On trouve déjà plusieurs bureaux de change en ligne qui permettent d’échanger des dollars ou des euros contre des Bitcoins… Et il est même possible d’acheter des produits bien réels avec ces pièces virtuelles. A tel point que Jason Calacanis en est « à 100 % certain, les gouvernements commenceront à bannir les Bitcoins dans les 12 à 18 prochains mois ».
Bitcoin, c’est quoi ?
Mais quel est donc ce projet qui d’après Jason Calacanis – et bien d’autres observateurs des technologies aux Etats-Unis – semble si disruptif ? Bitcoin est une monnaie virtuelle en peer to peer, qui permet à quiconque d’envoyer et de recevoir des « pièces numériques » – les Bitcoins (ou BTC) – de façon anonyme. A l’image des réseaux de partage de fichiers, Bitcoin ne souffre donc d’aucune autorité : aucune institution financière ne supervise les flux de monnaie et les frais de transaction sont quasi-inexistants.
Comment se lancer dans Bitcoin ?
Il suffit pour cela de télécharger le logiciel disponible sur le site officiel du projet. Celui-ci est open source et ressemble comme deux gouttes d’eau à un client BitTorrent. Une fois installé, il se connecte automatiquement au réseau et devient votre « portefeuille » : il indique votre solde de BTC et vous permet d’envoyer et de recevoir des paiements grâce à une adresse Bitcoin qui vous est fournie automatiquement. Attention, les pièces que vous avez gagnées disparaissent si vous supprimez le logiciel ou si vous formatez votre disque dur ! [Màj : il est toutefois possible de les sauvegarder.]
Que peut-on acheter avec des Bitcoins ?
La liste des produits et services qui peuvent être achetés avec des Bitcoins, assez impressionnante, est recensée sur le site du projet. Cela va de l’hébergement en ligne au matériel électronique, en passant par des produits alimentaires ! L’anonymat que procure le système pourrait malheureusement également mener à faire des affaires bien moins légales, comme du trafic de drogue, par exemple…
Comment ça marche ?
L’idée derrière Bitcoin est simple : se passer d’intermédiaire pour faire circuler de l’argent entre deux individus. Pour cela, le concepteur du système a recours à un réseau P2P complètement décentralisé et a utilisé un système de cryptage pour sécuriser les transactions plutôt que d’avoir recours à un tiers de confiance, comme une banque. Bitcoin permet ainsi de réaliser des échanges directs, anonymes et sûrs, grâce à un système de cryptographie asymétrique imparable.
Chaque pièce Bitcoin est une suite de signatures numériques. Lorsqu’elle est transmise, une pièce contient la clé de cryptage publique de son propriétaire. Et quand elle « change de main », la pièce est signée par la clé privée de son ancien propriétaire, avant d’acquérir la clé publique de son nouveau possesseur. Les algorithmes imaginés par ses développeurs gèrent toutes ces transactions, qui sont toutes enregistrées sur un journal distribué, public et anonyme, stocké sur toutes les machines qui composent le réseau ! Ceci interdit aux petits malins de piéger le système, notamment en tentant de répliquer des pièces.
Quelle est l’économie générée par Bitcoin ?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, il y a 6 356 100 Bitcoins en circulation et il y en aura à terme aux alentours de 21 millions. On peut même, sur certains sites, regarder l’évolution du chiffre en temps réel.
Le cours du BTC a beaucoup monté ces dernières semaines : à l’heure actuelle, on peut acheter un Bitcoin contre environ six euros. D’après Forbes, qui a consacré un article à cette technologie voici quelques jours, l’équivalent de 30 000 dollars s’échangerait sur le réseau tous les jours.
Comment sont forgées les pièces ?
Bitcoin étant un système 100 % distribué, la monnaie est générée par les utilisateurs eux-mêmes, grâce au logiciel qu’ils installent. Il suffit pour cela d’activer l’option « générer des pièces » du programme : dès lors, votre ordinateur devient un « nœud » du réseau, participe à sa bonne santé et contribue, par sa puissance de calcul, à vérifier la validité des transactions réalisées sur Bitcoin, stockées par « blocs » de données.
Si votre ordinateur termine le calcul de l’un de ces blocs de transaction, le système vous attribue une pièce. Conclusion : plus on a une machine puissante, plus on a de chance d’obtenir des pièces gratuitement… Cependant, afin de garantir une certaine stabilité de la valeur des pièces, elles sont générées à un rythme défini à l’avance « de sorte que lors des premières années du réseau, 10 500 000 pièces soient créées. Ce montant est divisé par deux tous les quatre ans », indique la FAQ du projet.
Qui se cache derrière Bitcoin ?
Un grand mystère plane autour du concepteur du système. Satoshi Nakamoto serait un Japonais de 36 ans… mais personne ne l’a jamais rencontré et l’on ne connaît pas son visage. La rumeur voudrait que Satoshi Nakamoto ne soit en réalité qu’un pseudonyme, l’homme ayant préféré rester discret. Il ne s’occupe plus du tout du projet désormais. Le porte-parole actuel de Bitcoin s’appelle Gavin Andresen.
Preuve que le projet intéresse les plus hautes instances, cet Américain, qui habite dans le Massachussetts, vient d’être convié au siège de la CIA pour présenter Bitcoin le mois prochain. « J’ai accepté cette invitation parce que le fait que je sois invité montre que Bitcoin est déjà dans leur radar, et je pense que cela pourrait être une opportunité d’expliquer pourquoi Bitcoin pourrrait rendre le monde meilleur. » Gavin Andresen a aussi indiqué s’être fait payer 3 000 dollars par l’agence américaine pour ses frais. La CIA ne paye pas encore en BTC, apparemment.
Si vous avez déjà utilisé Bitcoin et souhaitez témoigner de votre expérience, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse 01netactus[@]gmail.com
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