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Bis repetita : la fin de l’anonymat sur le Web à nouveau défendue par des députés… pour rien

Le député Renaissance Paul Midy a publié une tribune hier, signée par 125 autres parlementaires de la majorité, demandant la fin de l’anonymat sur Internet : une idée déjà émise il y a six mois pendant les débats sur la loi SREN, et déjà vigoureusement détricotée par des informaticiens, des politiques et des figures du numérique. Il n’existe en effet pas d’anonymat sur Internet.

Six mois après avoir fait le buzz, Paul Midy et d’autres parlementaires français reviennent à la charge contre l’anonymat en ligne. L’élu Renaissance de l’Essonne, accompagné de 125 autres députés issus de la majorité présidentielle, réclame dans les colonnes de la Tribune du 24 mars la mise en place d’une identité numérique : un moyen d’être identifié par la justice en cas de besoin, qui permettrait à l’internaute de rester anonyme vis-à-vis du public, explique-t-il.  Parmi les signataires de ce texte, dont l’objectif serait de mettre fin à « l’anonymat vis-à-vis de la justice et des autorités », on trouve d’anciens ministres comme Olivier Véran, Clément Beaune ou Eric Woerth, ainsi que des parlementaires comme Damien Abad, Bérangère Couillard, Violette Spillebout ou Karl Olive.

Cette idée de fin d’anonymat sur le Web n’est pas nouvelle. Elle avait déjà émise par le même député pendant les débats sur le projet de loi SREN (visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique) en septembre dernier – un texte toujours en cours d’adoption, qui passera demain, en commission mixte paritaire. L’élu Renaissance Paul Midy défendait déjà l’idée d’associer un compte d’un réseau social à une identité numérique. En septembre dernier, il prônait « la fin de l’anonymat au profit du pseudonymat » – un système qui fonctionnerait, expliquait-il alors, sur le même principe qu’une plaque d’immatriculation. Elle n’avait pas été reprise dans le projet de loi SREN. Et pour cause. 

Il n’y a pas d’anonymat en ligne

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, personne n’est anonyme en ligne. L’anonymat n’existe pas sur le Web : les enquêteurs parviennent toujours à retrouver les auteurs de cyberharcèlement ou de menace de mort, même si cela prend souvent bien trop de temps. Pendant les débats de septembre dernier, cette idée avait déjà, et à maintes reprises, été détricotée… Des informaticiens, des députés comme Eric Bothorel ou Philippe Latombe, et des figures du secteur du numérique étaient déjà montés au créneau, comme nous vous l’expliquions dans notre article cherchant à comprendre pourquoi les politiques émettent des idées irréalistes en matière de numérique. 

À lire aussi : Supprimer les VPN, lever l’anonymat sur Internet… Pourquoi nos politiques proposent-ils des idées irréalistes ?

Un bis repetita que regrette le député Philippe Latombe sur son compte X, en réaction à cette tribune du 24 mars : « C’est fatiguant….Paul Midy, on a déjà eu le débat deux fois en hémicycle, des explications techniques, juridiques et politiques de tout bord et la réponse est toujours la même : il n’y a pas d’anonymat en ligne. Cf les condamnations récentes. Stop démagogie stp…. ».

Même son de cloche chez le député Eric Bothorel, qui estime que cette idée est « stupide, dangereuse, inefficace, démagogique » sur son compte X. 

Si un sentiment d’impunité existe sur le Web, sa cause principale est en effet à chercher du côté du manque de moyens de la justice et de la police. Entre le moment où la plainte est déposée, et le moment où une personne est condamnée pour cyberharcèlement ou propos diffamatoires par exemple, il se passe plusieurs mois voire plusieurs années pendant lesquels la victime continue de subir le harcèlement en ligne, comme nous vous l’expliquions dans cet article sur les victimes de cyberharcèlement

Ce débat a déjà eu lieu l’année dernière. Or, six mois plus tôt, il n’avait pas conduit à allouer davantage de moyens à la justice ou à la lutte contre le cyberharcèlement ou la haine en ligne. L’histoire se répètera-t-elle encore aujourd’hui ?

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Stéphanie Bascou