France Biotech devra revoir ses exigences à la baisse ! En effet, l’association ayant pour but de susciter la création d’entreprises dans ce secteur et de constituer une force de lobbying auprès des pouvoirs publics est loin d’avoir obtenu du gouvernement tout ce qu’elle réclamait. À la BDPME (Banque du développement des PME), on laisse entendre que les montants dédiés aux biotechnologies seront deux fois moindres que ceux escomptés.Les entreprises de biotechnologies ?” le président de France Biotech, Philippe Pouletty, en tête ?” réclamaient la création d’un fonds d’amorçage d’une centaine de millions d’euros. Sur ce point, ils ont quasiment été exaucés, puisque la Caisse des dépôts et consignation devrait gérer un fonds de 60 millions d’euros (soit 394 millions de francs). Seul hic ! Le fond d’amorçage investira dans les entreprises technologiques “avec une attention particulière portée aux sciences du vivant”. En clair, ce secteur devra partager l’enveloppe avec d’autres entreprises innovantes.Seconde déconvenue, alors que France Biotech réclamait la mise en place de garanties d’État sur des prêts bancaires à travers la création d’un fonds public d’environ 90 millions d’euros, l’investissement de l’État ne devrait pas dépasser 40 millions. Sûrement pas de quoi garantir 450 millions de prêts, chiffre espéré par les défenseurs des entreprises du secteur.Actuellement, la BDPME met en place une société, détenue majoritairement pas la Sofaris, et où l’État et la BDMPE elle-même devraient prendre des participations. Elle se dotera d’un conseil d’administration, composé des actionnaires et de représentants de la profession, ces derniers étant chargés d’expertiser les sociétés.La nouvelle entité gérera deux activités : un fonds de garanties de capital-risque, fonctionnant de concert avec de grands acteurs du capital-risque, actifs dans ce domaine. D’autre part, elle gérera la garantie de prêts faits par des banques. Les modalités, à savoir l’identité des banques partenaires, le stade de développement des sociétés concernées, le remboursement, restent encore à l’étude.
L’innovation délaissée ?
Cette mesure est déjà critiquée par certains investisseurs : “Quel est l’objectif de ce volet ?, s’interroge René Maury, PDG du fonds d’investissement Siparex Venture Gestion. S’il s’agit de donner aux sociétés les moyens de financer une croissance externe, je crains qu’il ne vise pas les sociétés innovantes. Celles-ci ne se financent pas au moyen de garanties bancaires mais de fonds propres. Et c’est l’amorçage qui leur fait cruellement défaut.” En effet, cette partie du plan vise des biotechs en “phase deux ou trois”, soit des sociétés qui en sont déjà à tester leurs produits sur l’animal ou l’être humain.Quoi qu’il en soit, le secteur a bien besoin de mesures, si timides soient-elles, pour combler le retard français. Comme le rappelle Pierre Kopp, coauteur du rapport Biotechnologies et hautes technologies, le retard français, ” dans les pays libéraux, en ce concerne l’innovation, l’argent public appelle l’argent privé. Avec le plan 2002 se met en place une vraie fenêtre de tir pour régulariser l’aide publique. Reste à savoir si ce plan va se prolonger, ou pas, sur plusieurs années ?”Encore faut-il avoir une idée précise des montants à investir et des projets à choisir. “Il ne faut pas tomber dans les travers du modèle allemand. À trop mettre de l’argent public, on en est venu à financer des projets sans réelle valeur”, met en garde Alain Maïore, directeur associé de la société de capital-risque Ventech. Les futures success stories de la Biotech devront présenter des technologies uniques ou à réelle valeur ajoutée. La tâche est donc lourde pour la Caisse des dépôts et consignation. Son comité de sélection devra avoir les capacités de dénicher les perles rares très en amont.Et, comme le conclut joliment René Maury : “C’est le rôle des fonds d’amorçage, pas celui des capital-risqueurs, de gratter la terre pour dénicher les graines, qui deviendront les jeunes pousses avec lesquelles nous travaillerons.”
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