Le marché du disque dur connaît une embellie suscitée par une forte demande des fabricants de baladeurs et de magnétoscopes numériques. Pourtant, les constructeurs de disques se refusent à augmenter significativement leurs capacités de
production pour répondre à la demande. Bill Watkins, PDG de Seagate, en explique la raison et esquisse les évolutions à venir sur le marché.01net. : Vous annoncez votre troisième trimestre consécutif positif et vous prévoyez de bons résultats pour le reste de l’année. Quelles sont les raisons de cet optimisme ?
Bill Watkins : C’est très simple. Aujourd’hui, la demande de disques durs est plus forte que l’offre. Nous avons déjà atteint notre limite de production pour le trimestre en cours qui se termine en juin et qui est
pourtant censé être une période plutôt calme par rapport au second semestre. Les raisons de cette hyper-croissance sont multiples et ont pour origine la demande des fabricants de produits électroniques, PC, portables et serveurs.
Mais s’il fallait choisir le facteur principal, je dirais que le marché grand public, qui comprend les lecteurs MP3 et les magnétoscopes numériques, est en ce moment le plus dynamique. Mais c’est aussi le plus dangereux à satisfaire, car
la demande peut-être forte pendant quelques mois et retomber soudainement. On se retrouverait alors avec un surplus de produits que l’on serait obligé de vendre à perte. C’est ce qui s’est passé durant les cycles précédents et c’est ce que
toute l’industrie veut aujourd’hui éviter.Comment allez-vous répondre à la demande si vous ne pouvez pas augmenter votre niveau de production ?
C’est un réel dilemme pour nous. Les clients que l’on ne pourra pas fournir iront tout simplement à la concurrence. Comprenez-moi : je préfère être prudent avant d’investir dans de nouvelles lignes de production car le souvenir des
guerres de prix causées par la surproduction me hante encore.
J’ai prévenu ma force de vente que je veux avoir une commande ferme des clients avant d’investir. A partir de ce moment, les choses vont très vite, puisque contrairement à Maxtor ou Western Digital, nous pouvons utiliser une même chaîne
de production pour construire tous nos disques, de 1 à 3,5 pouces, du grand public au serveur. On reprend aussi les mêmes composants et surtout on développe nous-mêmes des têtes de lecture/écriture et des disques magnétiques. C’est l’avantage
d’être verticalement intégré. Ce qui ne nous empêche pas non plus d’acheter à l’extérieur en cas de besoin.Hitachi et Toshiba ont déjà annoncé des disques utilisant la technologie d’enregistrement perpendiculaire (P-recording). Et Seagate ?
On aura nos premiers disques basés sur cette technologie cette année. Et je pense que d’ici à 2007, tous les nouveaux disques utiliseront P-recording. Cela nous permettra de dépasser la limite physique actuelle de
160 Go pour un disque de 3,5 pouces, que nous venons d’atteindre avec nos derniers produits. Elle sera multipliée par dix avec P-recording.Pensez-vous suivre Samsung et Toshiba avec des disques de 0,85 pouce ?
Le plus petit disque chez Seagate a un diamètre d’un pouce. Pour l’instant, on regarde la technologie. Mais le principal problème des disques de 0,85 pouce vient de leur faible capacité qui est aujourd’hui autour de 2 Go. A ce
niveau, on entre en concurrence directe avec les fabricants de mémoire Flash qui ont des produits plus compétitifs. Mais je pense que l’arrivée de P-recording pourrait changer la donne et permettre de multiplier la capacité de
ces petits disques et de reprendre l’avantage sur les mémoires Flash. A voir donc.Comment voyez-vous le marché du disque dur et ses perspectives pour l’avenir ?
Je pense que tôt ou tard, il y aura un mouvement de consolidation sur ce marché. Peut-être au moment de la transition vers le P-recording. D’autant plus que sur les sept fabricants de disques durs, seul deux
[Seagate et Western Digital, NDLR] gagnent de l’argent.
Ensuite, le marché grand public suit une courbe de croissance très rapide et devient un secteur très important pour nous. Avec l’augmentation de la taille des disques dans les magnétoscopes numériques et les set-top box, tirée par
l’arrivée de la télévision HD, l’intégration de disques dans les téléviseurs [LG a annoncé au CES un écran plasma 60 pouces avec un disque dur de 160 Go, NDLR], dans les baladeurs audio/vidéo, dans les consoles de jeu
et l’année prochaine, dans les téléphones mobiles qui intègreront aussi les fonctions des baladeurs.
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