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Bill Siu (Intel) : ‘ Pas de 64 bits sur le poste de travail avant deux ou trois ans ‘

Le responsable du développement des Pentium répond aux dernières annonces d’AMD et dévoile les futures options de l’entreprise.

AMD va lancer une puce 64 bits pour PC. Selon vous, cette technologie se justifie-t-elle sur le poste de travail ?Ce n’est pas évident, car elle n’offre aucun bénéfice immédiat. Chez Intel, nous estimons qu’il n’y a, aujourd’hui, aucun besoin d’applications 64 bits sur le poste de travail. A quelques exceptions près, comme les jeux ou les
stations de travail, où l’on peut avoir besoin de stocker en mémoire des quantités importantes de données.Le manque d’applications ne vous a pourtant jamais rebuté par le passé. Est-ce parce qu’AMD est le premier sur ce terrain ?Pas du tout. AMD ne fait rien de spécial que nous ne sachions faire. C’est avant tout un problème économique. Nous sommes passés de 8 bits à 16 bits, puis de 16 à 32. Le 64-bits arrivera probablement sur le poste de
travail. La question est de savoir quand. Si l’on n’en a besoin que dans dix ans, est-il raisonnable de demander aux gens de payer pour cette technologie maintenant, et de conclure qu’elle n’offre aucun bénéfice ? Dans dix ans, le 64 bits sera
probablement utile et utilisé. Mais pas d’ici à deux ou trois ans. Si AMD pense le contraire, où sont les applications ? Quand Intel lance une technologie qui requiert du logiciel pour en tirer parti, il investit énormément d’argent à
l’avance auprès des développeurs pour être sûr que les applications seront là quand la technologie arrivera.Sur les serveurs, la tendance est aux puces multiprocesseurs. Qu’en est-il sur le poste de travail ?La tendance est aussi à plus de parallélisme. C’est pourquoi nous allons encore améliorer la performance de l’hyperthreading [technologie qui simule un fonctionnement biprocesseur sur un seul processeur ­ NDLR].
Cela peut se faire de plusieurs manières : en attribuant davantage de ressources à la technologie ou en utilisant des puces à double c?”ur. Je ne vous dirai pas quelle méthode nous allons utiliser. Mais il est probable que, à terme, nous les
explorions toutes en fonction des usages ciblés. Par ailleurs, nous allons poursuivre la montée en fréquence, augmenter l’antémémoire, et ajouter des fonctions mathématiques complexes pour améliorer le décodage et l’encodage vidéo, par
exemple.Toutes ces améliorations restent d’assez bas niveau. Pourquoi ne pas ajouter des fonctions de plus haut niveau, comme le chiffrement ou le stockage des clés ?Là encore, il s’agit d’un problème économique. Les microprocesseurs sont fabriqués avec les technologies de semi-conducteurs les plus avancées. Tout transistor ajouté occupe donc un espace très cher, qu’il faut rentabiliser. Si l’on
ajoute une fonction de haut niveau comme vous l’entendez, cela prend de la place, dissipe de la chaleur et consomme de la puissance qui pourrait être dévolue à autre chose. Or, cette fonction pourrait tout aussi bien être effectuée par une puce bon
marché, installée à côté du processeur. Sur le jeu de composants, en revanche, les compromis sont différents. Au départ, son rôle se limitait à des traitements assez basiques. Aujourd’hui, un seul composant intègre le graphique, le son, le réseau,
et la plupart des entrées/sorties. Et l’on peut ajouter au c?”ur du processeur des fonctions plus générales, comme l’hyperthreading, dont tout le monde bénéficie.Vous semblez très fier de l’hyperthreading. Pourtant, la technologie a longtemps été désactivée sur les stations de travail, car elle les ralentissait…Il se trouve que, sur les stations de travail, le code est totalement optimisé, parfois manuellement, pour un processeur ou une plate-forme donnés. Il peut donc arriver que ces optimisations ne soient pas aussi efficaces lorsqu’on
change de technologie de processeur. C’est pourquoi nous avons donné aux fabricants la possibilité de l’activer ou non, le temps que les applications soient réellement optimisées.Du 286 au Pentium III, le nombre d’instructions traitées par cycle d’horloge augmentait. Depuis le Pentium 4, il diminue. Essuyez-vous des difficultés ?Le nombre d’instructions par cycle sur certaines architectures est moindre. Sur d’autres, il est plus important. C’est une affaire de compromis entre le nombre d’instructions que l’on peut exécuter par cycle d’horloge et la vitesse
à laquelle on peut faire tourner l’horloge. Ainsi, on peut avoir une architecture très efficace en termes d’instructions par cycle. Mais s’il est impossible de la faire fonctionner à une certaine vitesse, elle ne sera pas très performante.AMD prétend pouvoir augmenter les deux…Il vous trompe. Quelle est la fréquence de leur puce la plus rapide ? 1,8 GHz [l’Opteron ­ NDLR]. C’est peu ! AMD était bien placé à une époque. Mais son architecture limite sa vitesse d’horloge.
L’architecture Banias de notre Pentium M est aussi très efficace en termes d’instructions par cycle. Mais elle non plus ne peut atteindre des fréquences très élevées. Des compromis sont nécessaires. Au final, la seule métrique reste la
performance délivrée. C’est-à-dire le nombre d’instructions par cycle, multiplié par la vitesse d’horloge. Et, sur ce point, AMD reste loin du compte.

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Anicet Mbida