“C’est un air détaché pour chanter le fil enchanté qui malgré nos airs fâchés dit : Tâchez de vivre attachés…” Cet extrait de Le Fil c’est déjà çà, d’Alain Souchon, en exergue d’un ouvrage sur le développement durable (1), aurait pu aussi inaugurer la cinquième édition du KM Forum (KM pour Knowledge Management), qui s’est tenu à Paris les 30 septembre et 1er octobre.Le lien, ce sont par exemple les outils de travail collaboratif utilisés, notamment, par les équipes de ST Microelectronics dans le cadre de la politique de développement durable (lire Le Nouvel Hebdo du 27 septembre). Mais l’air pourrait aussi être entonné à l’attention des professionnels du secteur, multiples, avançant en ordre dispersé.
S’adapter aux hommes
Le bilan 2002 des éditeurs mêle ainsi faillites, concentrations d’acteurs (Lexiquest-SPSS) et plans sociaux. Arisem, acteur phare de la classification automatique de documents, a licencié 27 employés sur 52. Quatre mois plus tard, l’éditeur racheté par Jean-Claude Carles assurait réaliser des bénéfices. De son côté, One-to-Team Pro, qui propose une solution de travail collaboratif, prétend voir son chiffre d’affaires progresser chaque mois.En revanche, “les grands éditeurs comme IBM, SAP ou Microsoft rencontrent d’importantes difficultés, car leurs outils restent très instrumentalistes. Or le défi du KM suppose de faire évoluer les technologies en parallèle des communautés humaines”, martèle Richard Collin, co-organisateur du salon qui rêve d’une supply chain du capital immatériel. Cette chaîne logistique “placerait les personnes à l’intérieur des systèmes d’information”, à la manière d’une solution peer to peer ou des nouvelles plateformes, comme celle amorcée par Documentum. “La technologie va organiser le lien social, en rendant visible l’ensemble des connaissances”, s’enthousiasme ce militant du KM. Mais, pour l’heure, “chaque module doit encore être enrichi et consolidé”, nuance Anne-Sophie Duffaucy, responsable marketing opérationnel de Ask Once, solution de recherche pour les intranets de Xerox.En attendant, les nouvelles technologies ont engendré une profonde mutation des organisations, “la gestion du “cerveau” d’?”uvre se substituant à la gestion de main d’?”uvre”. Ce slogan de Richard Collin veut illustrer à quel point la gestion du capital humain devient déterminante dans la stratégie des entreprises. Pour ce directeur de l’observatoire I-KM, vice-président de l’Association française des utilisateurs du net de la société en réseau (Afnet), “ces dernières ne peuvent plus avoir une logique de pied froid ou de protection”. Parmi les grands groupes qui ont d’ores et déjà pris en compte la gestion du savoir citons Aventis, Renault, Valeo, France Telecom, Bouygues Telecom, Siemens ou encore Air Liquide. Les outils KM sont alors utilisés dans le but d’améliorer la compétitivité de l’entreprise en matière d’innovation, d’intelligence économique, de gestion de la relation client ou encore de gestion des ressources humaines.
Vers des réseaux de partage
Hubert Roche, responsable des ventes chez Netfective, rejette le terme KM. Il lui préfère l’acronyme UDM (pour Unstructured Data Management ou gestion des données non-structurées), par pragmatisme, voire opportunisme : “Les besoins immédiats des entreprises sont la catégorisation et la recherche d’informations, puis la taxinomie et l’analyse sémantique”, stipule ce représentant des solution UDM d’Inxight en France. Les Galeries Lafayette ont intégré à leur projet d’optimisation des achats ce type de module.“La vraie problématique consiste à créer des réseaux d’échanges qui permettent de partager des connaissances, au-delà des bases de données”, renchérit Jean-Louis Pons, d’IBM Global Services. “Mais aucune entreprise n’en est là pour l’instant”, remarque Hubert Roche. Tout d’abord, parce que “jusqu’à l’an dernier, 90 % du budget des grands groupes comme LVMH ou PPR étaient consacrés aux progiciels de gestion intégrés”. Désormais finalisés, ces projets devraient laisser place aux solutions KM, d’autant que leur coût est sans commune mesure avec les millions de dollars consentis pour un progiciel de gestion. Et si des problèmes d’intégration freinent le déploiement d’infrastructures globales, certaines briques peuvent être posées (2). C’est déjà ça…(1) ” Les Nouveaux utopistes du développement durable “, dirigé par Anne-Marie Ducroux, éditions Autrement.
(2) Voir aussi le récent livre blanc du Cigref sur la gouvernance des systèmes d’information.
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