Si la multiplication des sites médicaux permet aux patients d’être mieux informés, encore faut-il que le contenu diffusé y soit sérieux et actualisé. Un conseil erroné ou une contre-vérité sur un forum et les internautes sont aiguillés
vers des solutions inadaptées.Afin d’éviter de tels risques, la Haute Autorité de santé (HAS), organisme public indépendant, va certifier dès cette année les sites Internet médicaux jugés dignes de confiance.Une mission confiée à l’organisme dans le cadre de la loi de réforme de l’assurance maladie du 13 août 2004, mais qui affiche déjà un retard d’un an. ‘ La mise en place d’un label pour les sites Internet de
santé est complexe. La démarche s’inscrit dans le long terme. Nous sommes confrontés à des paramètres propres à Internet comme l’absence de frontière ou la volatilité du contenu. De plus, la procédure doit être évolutive, apporter un réel plus dans
le quotidien des patients et satisfaire à la loi. Voilà pourquoi les critères d’obtention du label n’ont pas encore été définis ‘, explique Etienne Caniard, président de la commission ‘ Qualité de l’information
médicale ‘, de la HAS.Le futur label pourrait s’inspirer de celui de la fondation helvétique HON (Health on The Net), une organisation non gouvernementale accréditée par le conseil économique et social des Nations Unies. Depuis ses débuts en 1996, HON a déjà
certifié 5 500 sites dont 11 % en France, tels Prevart.fr (Prévention cardio-vasculaire en Artois) ou, encore, Cybertim.fr (un site de la faculté de médecine de Marseille). ‘ C’est le taux le plus élevé en
Europe, ce qui démontre une véritable prise de conscience de la part des éditeurs de sites ‘, commente Célia Boyer, directeur exécutif de HON.L’organisation attribue son label aux sites qui lui en font la demande, à condition qu’ils respectent huit engagements tels que la transparence sur les compétences professionnelles des rédacteurs et sur la composition de l’actionnariat,
la confidentialité, le respect de la relation patient-médecin etc. ‘ Tous ces critères sont appliqués à la gestion des forums, précise Célia Boyer. Il faut être clair dès le départ avec l’internaute :
expliquer les règles de cet espace de discussion, savoir s’il est modéré ou non et par qui. ‘ Chaque site est réévalué annuellement par l’organisation avant l’échéance de sa date de certification.En France, la HAS entend aller plus loin. Elle souhaite intégrer Internet dans la relation médecin-patient. Des expérimentations devraient être menées dans le cadre de la mise en place de ce label. Certains médecins indiqueront des
sites à leurs patients, puis évalueront la qualité de l’information obtenue sur un site donné, pour savoir s’il peut prétendre ou non à ce certificat officiel. ‘ L’utilisation de l’Internet ne doit pas dégrader la relation
médecin-patient ‘, insiste Etienne Caniard. Des recommandations, avec des règles de bonnes utilisation de ces sites, devraient être éditées à destination du grand public et des professionnels.
Aucun caractère juridique
Mais tous les éditeurs de contenu ne courent pas après la labellisation. En France, e-Santé et Doctissimo, entre autres, n’ont pas voulu adhérer au ‘ HONcode ‘. ‘ Je ne vois pas pourquoi
les sites Internet auraient d’autres obligations que les médias traditionnels. Les émissions de santé radiotélévisées ou les magazines ne doivent pas faire l’objet de certification ‘, estime Laurent Alexandre, le
vice-président de Doctissimo, qui s’oppose à la création d’un label français.Par ailleurs, toute certification n’empêche pas les dérapages, ce que reconnaît HON. ‘ Nous comptons sur le sens citoyen des internautes pour nous notifier si les sites ne répondent pas à nos principes. Par le
passé, nous avons déjà déréférencé des acteurs du HONcode, mais cela est arrivé très rarement. En général, nous leur signalons leurs manquements, une source non précisée par exemple, puis le site effectue des modifications ‘,
minimise Celia Boyer.Reste que ces certifications, le HONcode comme le futur label français, n’ont aucun pouvoir juridique (*). Et qu’elles n’empêcheront pas des sites (non) labellisés et peu sérieux de continuer, en France comme ailleurs, à prodiguer
parfois des conseils d’apprentis sorciers.(*) A la suite de la publication de ce papier, la fondation HON tient à préciser qu’elle est
‘ une structure juridique et peut poursuivre chaque site utilisant abusivement ou frauduleusement le sceau
HONcode ou toute référence non autorisée à celui-ci ‘.
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