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Bientôt des médicaments entièrement générés par l’intelligence artificielle ?

Le premier médicament présenté comme entièrement généré par l’intelligence artificielle a fait l’objet d’essais cliniques sur des patients humains : une première. Pour la start-up à la tête de son développement, l’IA pourrait permettre de réduire les coûts astronomiques de recherche et développement des médicaments.

L’intelligence artificielle permettra-t-elle de créer des médicaments et de soigner des maladies jusqu’alors intraitables ? C’est la promesse d’Insilico Medicine, une start-up de biotechnologie basée à Hong Kong. La société se présente comme la première entreprise à avoir créé un médicament (actuellement en développement) généré à 100 % par l’IA.

Dans les colonnes du média américain CNBC le 29 juin dernier, Insilico Medicine expose le parcours de « l’INS018_055 », un traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique présenté comme entièrement découvert et conçu par l’intelligence artificielle.

« Un véritable test pour l’IA et toute l’industrie »

Le travail sur cette nouvelle molécule a commencé en 2020. L’INS018_055 vise à soigner une maladie chronique et évolutive au cours de laquelle on constate une altération des poumons (une fibrose) qui se rigidifient à un point tel qu’ils ne parviennent plus à assurer correctement la respiration. Et pour pouvoir être accessible aux patients atteints de cette maladie, la molécule, une fois identifiée, doit passer par tout un processus de validation pour finir dans nos pharmacies. Le traitement en est actuellement au stade des essais cliniques chez l’homme, et plus précisément aux essais de phase II avec des patients, a précisé Alex Zhavoronkov, fondateur et PDG d’Insilico Medicine, à nos confrères de CNBC.

Le médicament en développement a déjà passé, avec succès la phase préclinique où la molécule est testée sur des cellules en culture, puis sur l’animal. Il en est au stade de la phase clinique où des tests seront réalisés sur l’homme : une étape qui anéantira ou confirmera les espoirs de succès du médicament candidat. « C’est l’heure de vérité », confirme le PDG de l’entreprise au Financial Times, le 26 juin 2023. « C’est aussi un véritable test pour l’IA et toute l’industrie devrait le suivre », ajoute-t-il.

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Concrètement, le traitement est testé sur 60 participants atteints de fibrose pulmonaire idiopathique. À l’issue de cette évaluation, l’entreprise saura si le traitement est toléré, s’il n’est pas toxique, s’il ne présente pas d’effets secondaires, et s’il est efficace. Il s’agirait du tout premier médicament entièrement généré par l’I.A. à atteindre le stade d’essais cliniques sur des patients humains, selon la société. Le patron d’Insilico Medicine précise à nos confrères : « Bien que d’autres médicaments conçus par l’IA soient en cours d’essais, le nôtre est le premier à avoir à la fois une nouvelle cible découverte par l’IA et une nouvelle conception générée par l’IA ». Cette maladie touche actuellement environ 100 000 personnes aux États-Unis et peut entraîner la mort dans les deux à cinq ans si elle n’est pas traitée, selon l’Institut national de la santé américain, l’équivalent de l’Inserm outre-Atlantique.

L’IA pourrait réduire le temps de développement et doubler la productivité des Big Pharma, selon le PDG de l’entreprise

L’IA pourrait permettre de réduire les délais de développement de nouveaux médicaments et leurs coûts abyssaux. Selon le site de l’Inserm, près de 15 ans sont nécessaires pour qu’une molécule d’intérêt thérapeutique devienne un « vrai médicament » – comprenez, il se passe 15 ans entre la découverte d’une molécule, et la mise sur le marché du médicament. Se lancer dans un tel processus coûterait, selon le cabinet Deloitte, près de 2,3 milliards de dollars en moyenne par thérapie, rapporte le Financial Times. Or justement, Insilico Medicine avance, dans un précédent entretien donné à nos confrères, que « Pharma AI », l’IA développée par la société, va permettre aux sociétés développant de nouveaux médicaments d’aller deux fois plus vite. Autre avantage, cette technologie pourrait aussi, « et c’est une affirmation très audacieuse, doubler la productivité de pratiquement toutes les grandes entreprises pharmaceutiques », avance le dirigeant à nos confrères.

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Insilico Medicine sur son site Web, explique utiliser l’intelligence artificielle pour chaque étape de sa recherche et développement. La start-up n’est pas la seule société à s’être spécialisée dans les biotechnologies faites par l’IA. « L’intérêt ne manque pas. Toutes les grandes entreprises pharmaceutiques ont investi dans des partenariats avec au moins une, voire plusieurs, entreprises d’IA », souligne Eric Topol, auteur de « Deep Medicine », un livre qui expose le potentiel de l’IA dans le secteur de la santé, cité par nos confrères. Sanofi a d’ailleurs investi 22,5 millions de dollars l’année dernière dans l’IA de la société, Pharma AI, et c’est loin d’être la seule. D’autres géants pharmaceutiques comme Fosun et Johnson & Johnson ont fait de même. Mais jusqu’à présent, aucune autorité de réglementation ou de mise sur le marché n’a encore approuvé un médicament entièrement développé à l’aide de cette technologie. Une question de temps ?

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Source : CNBC


Stéphanie Bascou