Les jeux en ligne – et plus généralement toutes les applications susceptibles d’utiliser des animations 3D – pourraient bien passer à la vitesse supérieure dans les mois qui viennent. La fondation Mozilla, le consortium Khronos et Google ont en effet profité de la Game Developers Conference, qui se tient du 23 au 27 mars à San Francisco, pour annoncer le développement conjoint d’une technologie Web prometteuse.
Pour l’instant dépourvue de véritable nom, cette dernière entend permettre l’affichage d’animations et d’effets 3D directement dans les pages Web des navigateurs Internet en tirant éventuellement parti des fonctions d’accélération matérielle des cartes graphiques des ordinateurs ou des terminaux mobiles utilisés par les internautes.
Une première version stable attendue dans 12 mois
L’initiative a été lancée par la fondation Mozilla et Khronos, le groupement d’industriels qui s’occupent de gérer les spécification de la bibliothèque de fonctions 3D OpenGL (Open Graphics Library). Elle fait suite à des développements menés par Vladimir Vukicevic, un programmeur spécialiste du graphisme chez Mozilla.
Celui-ci a mis au point une extension Firefox qui utilise des Javascripts pour d’afficher des animations OpenGL dans une zone rectangulaire d’une page Web (gérée par la balise canvas du format HTML5), un projet baptisé Canvas 3D. Aujourd’hui, ce dernier sert de base au groupe de travail « Accelerated 3D on Web » chargé par Khronos, Google et Mozilla de définir les spécifications de la future technologie.
Une première version stable standard est attendue d’ici à un an. Tous les développements seront placés en open source afin de faciliter l’adoption de la technologie. Les éditeurs devraient d’abord la proposer sous la forme d’une extension ou d’un plug-in avant de l’intégrer en standard dans leurs navigateurs.
Concurrence frontale avec Flash et Silverlight
Pour ses promoteurs, la future technologie devrait permettre de banaliser la 3D dans le navigateur. « Il y a 10 ou 15 ans les navigateurs ne supportaient pas les images, les tableaux ou les feuilles de style. Aujourd’hui, Canvas 3D vient compléter un mouvement très fort qui consiste à enrichir de nouveau les fonctions de base des navigateurs. La suprématie d’Internet Explorer 6 avait empêché les évolutions, mais l’innovation est de retour sous l’effet de la concurrence que se livre Firefox, Chrome et Safari. Les navigateurs géreront bientôt en standard la vidéo, les animations en 2D et en 3D avec des balises HTML 5 faisant naturellement partie des pages Web. Les interfaces graphiques, les jeux et les applications professionnelles devraient considérablement en profiter », explique Tristan Nitot, président de Mozilla Europe.
L’un des atouts de cette technologie est de pouvoir tirer profit des cartes graphiques capables d’accélérer les animations OpenGL. Aujourd’hui, seulement deux standards sont largement supportés par les cartes graphiques : Direct3D – au sein de DirectX – de Microsoft et OpenGL.
Une meilleure intégration des contenus
Selon Tristan Nitot, Canvas 3D offre en outre une bien meilleure intégration des contenus multimédias dans les pages Web que les plug-in propriétaires de Microsoft (Silverlight) ou d’Adobe (Flash). « Aujourd’hui, une animation Flash est un îlot de données qui interagit mal avec le reste de la pages HTML qui la supporte. Le potentiel de Canvas 3D est ici bien supérieur. On peut, par exemple, appliquer des feuilles de style CSS qui modifient l’affichage d’une vidéo, ou des filtres SVG qui changent le rendu d’une animation », affirme-t-il.
Du côté d’Adobe, on ne partage évidemment pas ce point de vue. John Dowdell, l’un de ses développeurs, explique sur son blog qu’il craint surtout que la technologie 3D de Google et de Mozilla ne soit disponible qu’avec Chrome ou Firefox, à la différence de Flash, qui équipe plus de 95 % des navigateurs et se pose en standard de facto.
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