” On ne sait pas vraiment quelle direction il faut prendre. Aucun groupe ne le sait d’ailleurs. C’est une vraie aventure. ” Voilà comment un dirigeant de Bertelsmann résumait, il y a un an, le grand pari du groupe de Gütersloh dans l’Internet. C’était à l’occasion de l’Exposition universelle de Hanovre, lorsque la nouvelle économie allemande commençait à s’inquiéter de l’effondrement du Neuer Markt, la Bourse des valeurs high-tech de Francfort.Depuis, Bertelsmann ne navigue plus à vue. Comme partout ailleurs, l’aventure est terminée à Gütersloh. Les pertes ont atteint 888 millions d’euros dans les activités Internet et le président du groupe, Thomas Middelhoff, sait qu’il ne sera pas en mesure de diviser par deux les pertes Internet l’année prochaine sans une profonde restructuration. Il est surtout obligé de faire marche arrière pour ne pas plonger l’ensemble du groupe dans le rouge. Enfin, le président veut conserver une chance de voir Bertelsmann coté en Bourse en 2004.
La division commerce électronique désintégrée
Mais, avec le départ d’Andreas Schmidt à la tête de Bertelsmann eCommerce Group (BeCG), annoncé mercredi 28 décembre, Thomas Middelhoff encaisse une défaite cuisante. BeCG était l’entreprise qui incarnait l’euphorie Internet chez Bertelsmann. Créée il y a peine deux ans, elle symbolisait surtout la stratégie agressive du nouveau patron dans le Net-business.Andreas Schmidt formait avec Thomas Middelhoff la dream team de la nouvelle économie allemande. C’est lui qui avait implanté avec succès AOL en Europe. Il avait été également à l’origine du deal surprenant entre Bertelsmann et Naspter avec l’objectif de transformer la plate-forme en service payant.Depuis, AOL a été vendu à prix d’or. Les recettes de cette cession juteuse financent aujourd’hui les pertes astronomiques des activités Internet de Bertelsmann. Quant à Napster, qui devait démarrer cet été, il est toujours en stand-by.Après moultes restructurations, BeCG était aussi devenue une entreprise sans contenu. Elle sera intégrée à DirectGroup, la filiale dirigée par Klaus Eierhoff qui regroupe toutes les activités de B-to-C du groupe.Bertelsmann n’en est pas à sa première restructuration. En effet, Thomas Middelhoff a déjà perdu une bataille sur le Net : celle de la vente de livres. Abandonnant le leadership à Amazon, il a dû intégrer BOL à ses clubs traditionnels et fermer des sites dans plusieurs pays.La filiale presse de Bertelsmann, Gruner + Jahr, a elle aussi lancé un plan de restructuration dans ses activités Internet. Enfin, l’agence Web du groupe, Pixelpark, continue d’enregistrer des pertes astronomiques. Bertelsmann vient d’annoncer qu’elle sera intégrée à la division service-imprimerie du groupe (Arvato). Selon la presse allemande, la moitié des 1000 salariés devraient être licenciés au cours de cette restructuration…
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