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Bernard Maitre Associé chez galileo partners : La nouvelle économie jusqu’ici, c’était juste la démo…”

Pour Bernard Maitre, partenaire du fonds Galileo, PC, RTC et protocole IP sont de “vieux papys”. Lui mise sur la ligne de code, le logiciel, le haut débit.

À Rome, où il participait avec d’autres capital-risqueurs au colloque Etre (European Technology Roundtable Exhibition), Bernard Maitre s’est livré à une description, assez peu amène, de l’écosystème entrepreneurial. Il en a profité pour formuler, dans son vocabulaire singulier, quelques propositions bien senties. Ici, tout le monde parle d’une crise de financement des entreprises et des projets e-business. Qu’en est-il exactement ? Il ne faut pas se raconter d’histoires. Quand on me demande quel est le bon timing pour lever de l’argent, je réponds : l’an dernier. Car désormais, c’est beaucoup plus difficile. Il a fallu complètement réévaluer le futur. Les anticipations des uns et des autres se sont étirées à mesure que les perspectives de retour sur investissement s’éloignaient. Chez Galileo, nous avons pris deux décisions. La première : ne pas investir toutes les sommes levées ; la seconde : passer tous les portefeuilles au Karcher. Nous avons réévalué le passé autant que l’avenir.Cette revue de détail s’accompagne-t-elle d’un changement dans votre façon de travailler ? Oui. En interne, on a doublé les équipes, car il faut absolument aider les clients à équilibrer rapidement leurs comptes. C’est essentiel, pour eux comme pour nous. Mais il faut aussi passer plus de temps avec les gens, aller dans les boîtes voir comment ça se passe. Et leur faire comprendre qu’ils sont engagés dans un processus qui nécessite un financement assez long ?” deux ans en moyenne. Bref, toutes nos interventions doivent s’inscrire dans un cadre plus étalé dans le temps, et plus sélectif quant aux dossiers. Tout cela inséré dans une relation de travail qui gagne en intensité. Si tout le monde appuie sur le frein en même temps, ça ne redémarrera jamais ! C’est bien pour ça que, dès mars 2001, nous nous sommes progressivement remis à investir. L’avantage, aujourd’hui, c’est que les prix sont très bas et la concurrence faible. Dans notre secteur, il y a des gens qui ne lèvent pas d’argent, et qui n’en lèveront jamais. Peu nombreux sont ceux qui ont le cran de doubler leurs équipes. Donc, c’est le moment d’y aller !Mais vous n’êtes pas intervenu pour éviter le dépôt de bilan de Canalweb. C’est vrai, nous étions au tour de table de Canalweb. Et nous avons décidé de ne pas suivre l’augmentation de capital demandée cet été. Depuis, la société est en dépôt de bilan, et elle bénéficie d’une période d’observation de six mois. Je vous renvoie sur le site pour en savoir plus [après vérification, il n’y a rien de plus sur le site, ndlr].Sur le plan technique, quelle solution préconisez-vous pour relancer le secteur TMT ? Il faut travailler à la fois sur la ligne de code, sur l’approche large bande et sur le logiciel. Cela fait du boulot ! Et je propose qu’on en finisse, une fois pour toutes, avec la ” théorie des trois papys ” : le PC, qui est le plus mauvais vecteur de la nouvelle économie que l’on puisse imaginer, le RTC (réseau téléphonique commuté), qui n’est qu’une actualisation du ” 22 à Asnières “, complètement inadaptée à l’e-commerce, et le protocole IP, qui est largement démodé. Ce qu’on a vu de la nouvelle économie jusqu’ici, c’était juste la démo.Et la chaîne de financement, c’était aussi la démo ? Un peu. Je n’ai jamais cru, par exemple, aux fonds d’amorçage. Les bons projets, il faut les financer au max. Les mauvais, il faut les faire crever tout de suite ! Le monde de l’entreprise est très darwinien. Même chose pour les incubateurs : il n’en est jamais sorti rien de bon. Leur seule contribution au processus, c’est de faire perdre du temps à la mise en pratique des bonnes idées. Je ferai une exception pour l’Inria, [l’Institut national de la recherche en informatique et en automatique, ndlr], dont les dirigeants fournissent une passerelle utile entre des trucs généraux qui ne servent à rien et des jeunes gens fraîchement sortis de l’école, qui ne connaissent pas le monde des affaires. Que proposez-vous concrètement ? De relever trois défis : les ressources humaines, le marketing et la compréhension des business models. Les ressources humaines, d’abord, car comment prétendre diriger une entreprise quand on ne sait même pas consoler une secrétaire qui pleure ? Le marketing ensuite, car il y a beaucoup à faire pour encourager la mise sur le marché des diverses technologies. Et les business models enfin, ou plus exactement l’écosystème de ces modèles. C’est-à-dire l’épanouissement des entreprises au sein de leur environnement. Sur tous ces sujets, il y a des sauts quantiques à effectuer. Mais sur le dernier point, la compréhension des modèles de développement, on progresse à grands pas.Est-ce que la ” biotech ” est le relais de croissance rêvé pour une net économie qui s’essouffle ? C’est un relais de croissance, à n’en pas douter… J’avais moi-même mis en place des équipes dédiées à cet effet, lorsque j’étais en poste chez Banexi et à la Caisse des Dépôts. J’estime qu’à Galileo, nous sommes capables de monter quelque chose dans les sciences de la vie, mais c’est avant tout affaire d’hommes et d’opportunités. Moi, je suis prêt à y aller.Quand ? Demain matin, si l’occasion se présente.

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Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin, envoyé spécial à Rome