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Bernard Liautaud (Business Objects) : ” Les investisseurs français méconnaissent Business Objects “

Figure de la garde montante du capitalisme hexagonal, fondateur de l’association Croissance Plus, pionnier des français au Nasdaq, Bernard Liautaud, 38 ans, analyse les bons résultats* de Business Objects (progiciels d’aide à la décision). Il relativise l’accès de faiblesse de l’économie américaine.


Le Nouvel Hebdo : Quelle est votre perception personnelle, sur le terrain, du ralentissement de l’activité aux Etats-Unis ?
Bernard Liautaud : On ne le ressent pas beaucoup concrètement. Il est certain qu’un pan du commerce B-to-C s’est effondré, et cela aura ?” et a déjà eu ?” un effet macro-économique certain. Mais les gens continuent à acheter des voitures et des maisons. Surtout, les gains de productivité se poursuivent dans tous les secteurs d’activité, par l’acquisition et la bonne utilisation des produits et services de la nouvelle économie. Je ne suis donc pas inquiet. Pour ce qui est de notre domaine, les dépenses informatiques devraient croître en 2001 de 8 %, et l’e-business intelligence de 30 %, selon IDC. 30%, c’est d’ailleurs également la prévision de croissance de chiffre d’affaires de Business Objects pour cet exercice.Vos efforts vont-ils à nouveau porter sur ce marché américain cette année ? Les Etats-Unis pèsent déjà 35 % du chiffre d’affaires, contre 30 % en 1999, mais cette proportion va encore augmenter, car nous gagnons des parts de marché là-bas. L’activité américaine de Business Objects a bondi de 65 % en 2000, sur ce qui est le premier marché mondial. Devenir clairement numéro un américain, et leader mondial, ce qui est notre objectif, nous donnerait un positionnement très valorisant, notamment sur le plan boursier. Qu’est-ce qui justifierait un nouvelle hausse du titre, après l’embellie des derniers exercices ?Outre le fait d’affirmer notre leadership, deux autres faits militent pour une hausse du titre. Tout d’abord, le marché va finir par évaluer à sa juste valeur le marché de l’e-business intelligence, et notamment de ses développements liés aux réseaux intranet et extranet des entreprises. De 3 milliards de dollars en 1999, ce territoire tend vers les 18,8 milliards de dollars en 2004, toujours selon IDC. En second lieu, c’est le respect, voire le dépassement, trimestre après trimestre, de nos prévisions, qui fonde la confiance des investisseurs, et c’est cette relation à long terme que nous visons.Le large flottant, environ 90 % du capital, fait-il de Business Objects une proie potentielle ?Nous parlons d’une société de matière grise avant tout, une OPA hostile me semble donc peu probable. Et nous n’éprouvons pas non plus le souhait d’en céder le contrôle à un groupe. Dans ce métier, il est bon d’être indépendant. Pour nos clients, il est fondamental d’avoir un fournisseur de solutions qui ne soit pas dépendant de leur propre environnement technologique.Les investisseurs français sont quasiment absents du capital de l’une de rares “success story” de l’Hexagone dans les nouvelles technologies… C’est vrai, c’est un peu incompréhensible. Il y a eu un début de rééquilibrage avec l’introduction du titre à Paris en 1999, mais les investisseurs français méconnaissent encore largement la valeur, et le secteur de l’e-business intelligence lui-même. Il reste un gros travail pédagogique à mener. La part détenue actuellement par des fonds français ne doit pas être supérieure à 1 ou 2 % et, à vrai dire, je ne sais même pas quel est le premier actionnaire français du groupe, à part moi [Bernard Liautaud détient environ 3 % du capital, NDLR]. Il ne serait pas mauvais que cela évolue.* Chiffre d’affaires 2000 : 349 millions de dollars (+ 44 %). Résultat net sur cette même période : 42,4 millions de dollars (+ 78 %).

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Jean-Michel Cedro