Filiale du groupe Fimalac, que dirige Marc Ladreit de Lacharière, Fitch est la troisième agence mondiale de notation d’émetteurs. Elle attribue des notes sur la qualité et l’évolution prévisible de la dette de 1 600 banques, d’un millier d’entreprises, de 12 000 municipalités américaines ainsi que sur la situation de pays émergents. Son PDG pour la France, responsable des émissions obligataires de la zone asiatique, explique ses processus de notation.Quelles leçons tirez-vous de la faillite d’Enron? Certains observateurs reprochent aux agences de notation de n’avoir pas joué leur rôle avant la crise ou d’avoir accéléré la chute du courtier en énergie…Ces quatre derniers mois, l’univers de la notation des émetteurs a été à la fois extrêmement volatile et perturbé. Dépôts de bilan, chutes d’icônes de la Bourse, utilisation “créative” des normes comptables et rumeurs ont fait la Une de la presse et remis en cause l’efficacité des méthodes analytiques conventionnelles. À la lumière de cette évolution, Fitch a procédé à une révision de ses règles et de ses procédures de notation. Cela en liaison avec les acteurs des marchés, les investisseurs comme les entreprises.Mettez-vous en cause les règles comptables actuelles ?Nous formulons des notes sur les états financiers qui nous sont fournis. Nos analystes sont parfaitement conscients de l’hétérogénéité des pratiques comptables. Ils possèdent une connaissance approfondie de leurs secteurs d’activité et peuvent, généralement, interagir avec les équipes de direction pour avoir des explications sur les chiffres qui leur sont présentés. Les états financiers servent de point de départ à l’analyse, en vue d’anticiper l’évolution de la qualité de crédit d’un émetteur. Face à la complexité croissante des normes et méthodes comptables et des techniques d’ingénierie financière, nous envisageons d’apporter à nos équipes d’analystes le soutien technique d’une équipe d’experts-comptables rompue aux techniques sophistiquées du métier. Il n’entre pas toutefois dans le cadre de notre mission de remplir des fonctions d’audit. Les marchés évoluent, nos méthodes en feront de même. Mais, il n’est pas question pour nous de coller à toute réaction négative ou positive de la Bourse. Car cela augmenterait encore la volatilité des marchés comme celle des notes. D’où le risque d’une infernale spirale baissière. Nous sommes conscients de notre pouvoir d’influence mais nous ne voulons pas en abuser.Les rapports avec les sociétés que vous notez qui sont vos clients peuvent paraître ambigus. Comment pouvez-vous garantir l’indépendance de vos avis ?Il n’y a pas de conflit d’intérêt. Notre seul actif, c’est notre crédibilité. Sans elle, nous n’existons plus. Notre chiffre d’affaires est composé à hauteur de 90 % par les émetteurs notés. Les 10 % restants proviennent de la publication détudes pour les investisseurs.
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