Comment jugez-vous la place des technologies de l’information dans le débat présidentiel ?Le premier constat est que tous les sujets politiques classiques sont aujourd’hui l’objet de changements liés aux technologies, de l’économie à la citoyenneté, en passant par la protection de la vie privée, l’éducation, la culture ou l’aménagement du territoire. Mais, à l’évidence, les candidats ont considéré que les enjeux de la société de l’information n’étaient pas des éléments clés de cette élection. Ces sujets ne sont pas encore assez “clivants” et ils ne mobilisent qu’une frange réduite de la population.La France a pourtant derrière elle 5 ans d’action du gouvernement pour la société de l’information…Le discours de Lionel Jospin à Hourtin en 1997 a constitué une rupture. Mais, après, les arbitrages budgétaires ?” et donc les efforts politiques?” n’ont pas permis de développer certains éléments clés de l’action gouvernementale. Dans ces domaines, le départ de Dominique Strauss-Kahn aura été une perte importante. La période charnière se situant entre 1999 et 2000. Le temps du politique s’est alors heurté au temps ?” beaucoup plus long ?” des administrations. Au même moment, les acteurs publics n’ont pas imposé à France Telecom la création d’un forfait internet illimité sur la ligne téléphonique ?” que sa filiale Orange pratique pourtant outre-Manche. On a ainsi manqué une occasion de diffuser plus largement cette culture des technologies de l’information auprès des citoyens.Quel est, selon vous, l’enjeu décisif de la société de l’information ?L’enjeu fondamental de la régulation du réseau se résume à la question suivante : souhaitons-nous que l’internaute devienne un citoyen actif, capable de créer et d’échanger, ou seulement un téléspectateur-consommateur ? Tant que le débat sur l’internet ne fera pas l’objet d’une véritable confrontation de projets de société, les acteurs publics prendront le risque du “laisser-faire” qui conduit actuellement à la marchandisation du réseau.
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