Outre la pollution aiguë de nos écrans télé, la campagne présidentielle a d’imprévisibles effets collatéraux. Comme s’il ne suffisait pas de voir Chirac manger à tous les râteliers du Salon de l’agriculture, ou Jospin s’ébrouer dans le pré à la recherche d’une herbe anti-constipation, voilà que le syndrome de la vache folle gagne les paisibles bureaux de notre groupe new tech et son PDG, Roland, candidat par mimétisme. Depuis quelque temps, nous constatons avec effarement que notre président voudrait être celui de la République, les limites de notre groupe lui semblant trop restreintes. Il se met donc à imiter inconsciemment les Chirac, Jospin, Chevènement et Le Pen, prenant en chacun ce qu’il y a de pire, et s’incarnant successivement en de consternants croisements : Chipin, Josrac, ou pire, Le Che ou Pènement. Nous n’avons pas encore eu droit à Maderac ou Chidelin, mais c’est en bonne voie… Par quoi se traduit cette mutation élyséenne de notre PDG ? D’abord par une série de promesses mensongères (perspectives de profit, augmentations de salaires, etc.) distribuées par un Roland convaincu par ses propres mensonges. Mais ça, c’est le B.A.BA. Le plus grave, c’est l’amnésie, signe avant-coureur d’un Alzheimer galopant. Il oublie tout ce qu’il avait déjà promis et non tenu, il oublie que nous ne l’oublions pas, et il oublie qui il est, jusqu’à se croire marié à Bernadette ou Sylviane. Oui, vous avez bien lu… Roland s’est arrangé pour approcher les candidats et leurs épouses lors de certains meetings de campagne. Appartenant au gratin des entrepreneurs français et aux champions supposés de l’e-business tricolore, il n’a eu aucun mal à se faire inviter à une fête pièces-jaunes organisée par Jacques et Bernie. Là, il s’est mis à minauder devant la Première dame, aussi mielleusement qu’avec Sylviane, abordée lors d’une rencontre avec les intellectuels français organisée par la dream team de Lionel. D’abord timide, notre Roland s’est vite enhardi, prenant, avec l’autorité d’un mari, le bras de ces dames pour les entraîner vers le buffet. Fou d’orgueil, il s’est arrangé pour se faire photographier avec elles, avant de découper ces photos quasi conjugales dans les gazettes et de les épingler dans son bureau. Pour parfaire son processus de fusion psychologique avec les candidats, Roland, tel Chevènement et Madelin, a ensuite organisé sur le site de notre boîte un chat avec les électeurs (c’est ainsi qu’il appel- le nos clients, sous prétexte qu’on leur demande de voter en ligne pour le meilleur service de notre site). Pour ce dialogue en direct, il avait fait les choses en grand, avec force annonces sur le web et dans la presse. Le grand jour venu, il y avait quatre personnes en ligne. Consternation. En prime, les quatre pékins se croyaient sur un chat érotique et balançaient des “Moi chaud cherche chatte” et des “Toi gros seins au moins ?”, qui ont plongé Roland dans une dépression inquiétante. Il ne veut même plus entendre parler de sondages, mot évoquant selon lui une action profondément sexuelle et perverse. Oui, Roland s’identifie maintenant à Christine Boutin. Nos actions vont chuter en Bourse. Mais tant quil ne se prend pas pour Arlette, ça ira, ça ira…
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