Imagine-t-on Michel Bon, Patrick Le Lay, Jean-Marie Messier, Nicolas de Tavernost ou Arnaud Lagardère, tous ces grands patrons de médias ou d’internet, installés un jour à Matignon ? La perspective devient crédible depuis la victoire en Italie du magnat de la communication Silvio Berlusconi.Rien n’a freiné les Italiens. Ni le parcours tout sauf angélique du patron de Mediaset, ni son alliance avec des partis pour le moins extrêmes, ni, surtout, sa domination des médias italiens, n’ont fait flancher la détermination des électeurs de la Péninsule.Et pourtant, voilà un homme qui, déjà détenteur d’un empire médiatique, va se voir coiffé d’une casquette de régulateur au plus haut niveau des médias et d’internet locaux ! En Italie, voilà le quatrième pouvoir (les médias) sérieusement écorné, et le troisième (le législatif) singulièrement renforcé.En France, le monde politique et celui des médias cohabitent clairement. On voit l’un, on voit l’autre. Il y a certes des jeux d’influence constants et puissants entre les deux bords, mais la distribution des rôles est nette. La transposition du ” modèle ” Berlusconi est-elle possible dans l’Hexagone ? Pour qui sait voir, les fissures sont déjà là, comme sur la carlingue des vieux avions.Le personnel politique et ses vieux clivages gauche-droite lasse. On vote par dépit. On s’abstient par protestation. C’est là que le ” modèle ” Berlusconi fonctionne comme aurait pu fonctionner celui de Tapie.On ne voit pas bien encore Pierre Lescure ou Michel Bon à la tête de Canal Matignon, pas plus que Dominique Voynet ou Martine Aubry à la tête d’une chaîne de télévision ou d’un conglomérat médias-internet. Les frontières tiennent bon. Combien de temps encore ? C’est toute la question.
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