Le modèle unique du monde du conseil et de l’audit n’a pas résisté. Les SSII et les ex-cabinets de conseil ont dû réajuster leurs modèles économiques, élargir leurs offres de services et leurs couvertures géographiques, afin de
survivre dans le secteur de la prestation de services qui s’industrialise, mais aussi pour répondre aux nouveaux besoins mondiaux des entreprises. Accenture constitue un exemple de cette adaptation.La prestation de services devient mature, se consolide et s’industrialise. Jusqu’où peut-elle suivre la logique industrielle ?L’effet de consolidation poussée dans le secteur des services informatiques était inéluctable. Commencé il y a dix ans, ce regroupement est nettement plus visible aujourd’hui, la conjoncture économique étant beaucoup moins
favorable. L’objectif des acteurs se situant dans une logique de consolidation mondiale se résume à bénéficier d’une synergie d’une taille critique pour devenir plus compétitifs sur un marché où les prix se révèlent très tendus. Ce phénomène de
concentration est imputable à la surcapacité de l’offre de services. Tous les secteurs liés au traitement de l’information subissent les conséquences du suréquipement informatique. Je pense, notamment, aux grands chantiers de l’an 2000 et de la
monnaie unique pour les pays européens, désormais achevés.Comment réagissent les sociétés de services et de conseil face à cette nouvelle pression des prix ?J’ai tout de même quelques interrogations sur les limites de cette concentration industrielle et cette pression des prix. Les services peuvent-il suivre le même modèle économique qu’un secteur industriel traditionnel ? Je
crains que notre segment de marché ne soit pas totalement adapté à la logique industrielle. Prenons l’exemple du principe des enchères inversées sur Internet appliqué pour les appels d’offres et celui de la méthode d’attribution des contrats aux
prestataires. Après une première sélection des candidats, l’entreprise cliente aura tendance à choisir les SSII les moins chères, avec les plus bas prix. Cette tension sur les prix va trop loin et menace d’aboutir à une banalisation de la
prestation. Cela peut amoindrir l’apport de nos services. Nous risquons de perdre notre âme si nous ne faisons pas attention aux limites. Nous sommes une industrie de services à valeur ajoutée, c’est-à-dire de la matière grise, pas des
mercenaires ! Par conséquent, il me paraît normal de prendre en compte nos points forts dans nos tarifs.Mais face aux grandes galaxies comme IBM et Microsoft, quelles seront les marges de man?”uvre des SSII ?L’uniformité ne constitue pas une solution pour la prestation informatique. Surtout si les entreprises souhaitent des offres personnalisées. Aussi, il faudra toujours des francs-tireurs de taille moyenne, capables d’apporter de
l’innovation dans notre secteur. Sans une diversité d’acteurs, la prestation de services risque d’être régie par des monstres. Nous ne pouvons pas accepter d’être sous le joug de deux acteurs seulement. Nous devons lutter contre l’uniformité ou le
modèle unique, et mettre l’innovation sur le devant de la scène. Pour ce faire, chez Accenture, nous avons élargi notre palette de prestations, ce que nous appelons l’intégration de services. Nous y travaillons depuis deux ans. Par exemple, nous
proposons des services d’externalisation de la fonction informatique, mais aussi d’autres fonctions de l’entreprise telles l’administration, la comptabilité, la logistique et les ressources humaines. Nous nous dirigeons également vers le
développement informatique, un métier traditionnel des SSII. En interne, nous avons privilégié les activités d’ingénierie informatique et d’infogérance, plutôt que de les sous-traiter. Parallèlement, notre ligne de services offshore se développe en
Inde, en Chine et sur l’Ile Maurice.Quel niveau d’indépendance une société comme Accenture peut-elle garder ?Les acteurs du service doivent se doter d’un réseau d’alliances, de façon à enrichir les développements et services associés aux technologies. Nécessaires pour nos activités de services et de conseil, les partenariats nous aident,
par exemple, à apporter un service durable, comme l’externalisation adaptée à l’évolution des activités des entreprises. Je pense que nous restons sur un chemin de conservation d’indépendance, et que notre savoir-faire consiste à retenir les
technologies promues à un avenir. Ce qui peut également se réaliser sur la base d’une participation financière je pense notamment à notre co-entreprise Avanade avec Microsoft, avec lequel nous développons des services conjoints.
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