Ben Wood, vice-président du bureau d’analyse Gartner Group, commente les dernières stratégies en date annoncées par Nokia.O1 Informatique : Siemens et Alcatel sont sortis du marché des mobiles. Nokia peut-il encore continuer longtemps dans la fabrication de terminaux ?
Ben Wood : Il faut comparer ce qui est comparable. Le constructeur finlandais a produit l’an dernier plus de 200 millions de terminaux. Il a la taille critique pour continuer. Il possède en outre des unités de
production partout, en Europe, en Amérique latine, en Asie… En Chine, il est quasiment considéré comme un constructeur local.Les opérateurs ont été déçus ces dernières années par Nokia, jusqu’à lancer de nouveaux services sans ses terminaux. Est-ce un signe de déclin ?
Nokia a compris le message des opérateurs et reconnu ses erreurs. Mais les corriger prend énormément de temps, car c’est une machine colossale. En design, Nokia n’est certes plus ce qu’il était. Mais les applications de ses terminaux sont
de qualité. Le marché réclame encore ses téléphones. Samsung, LG ou même Sagem ont été obligés de consentir d’énormes concessions aux opérateurs pour gagner des parts de marché. Je ne vois pas un constructeur comme Nokia ne développer que quelques
centaines de milliers d’unités pour un seul opérateur. Cette échelle est plutôt celle de Samsung ou de Sagem.La diversification tous azimuts ne rend-elle pas la stratégie de Nokia un peu opaque ?
Le chemin pris par Nokia vers des technologies type WiMAX ou ses accords passés notamment avec Avaya dans la voix sur IP m’apparaissent plutôt comme des initiatives destinées à vendre des terminaux dans l’entreprise. Les opérateurs sont
encore très tournés vers le grand public. Et il n’est pas impossible qu’ils aient besoin de Nokia pour s’attaquer au marché des entreprises.Dans l’entreprise, justement, le duel avec Microsoft n’est-il pas perdu d’avance ?
L’éditeur américain ne pourra pas concurrencer Nokia dans le grand public. En revanche, il dispose de solides atouts pour s’implanter sur le marché de l’entreprise grâce à ses outils bureautiques, de messagerie et de synchronisation, que
les entreprises connaissent parfaitement.
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