Samedi 1er janvier 2000, le Centre national d’art contemporain Georges-Pompidou a renoué avec le public. Le c?”ur de la capitale battait un peu moins fort depuis ce jour d’octobre 1997 où Beaubourg, victime de son succès, avait fermé ses portes pour travaux, vingt ans après son inauguration.
Le Centre Pompidou en a aussi profité pour remettre à jour son informatique. “Notre priorité a été de mettre en place un réseau conforme aux normes actuelles, qui permette d’acheminer des flux très importants de données, y compris de la vidéo”, explique François Wolf, responsable informatique du Centre. La Bibliothèque publique d’information (BPI) et le Musée national d’art moderne partagent le même réseau à haut débit (liaison ATM à 155 Mégabits/s), qui dessert les différents serveurs, situés rue du Renard (siège administratif de la BPI), rue Brantôme (siège administratif du Centre) et dans le Centre lui-même, tandis que des réseaux de fibres optiques assurent la liaison entre ces serveurs et les nombreux micros qui ont été installés.
La disparition des cassettes
Mais en dépit de leurs équipements communs, les deux activités principales du Centre cultivent des approches différentes que dictent leurs missions respectives. “Au musée, précise François Wolf, le public est directement confronté à l’?”uvre selon une approche traditionnelle. Certes, l’espace pédagogique propose des prolongements à sa visite par le biais d’outils informatiques, mais ce n’est pas une révolution. En revanche, le nouveau réseau nous permet de mettre en place un système de vidéo numérique, qui sera utilisé dans l’espace Nouveaux médias pour consulter les ?”uvres de la collection vidéo. A l’avenir, un film vidéo numérisé pourra aussi être téléchargé et injecté à travers le réseau à la demande du conservateur ou du commissaire d’exposition.”
Résultat de la convergence de l’audiovisuel et de l’informatique : au fil de leur numérisation, en cours de réalisation, les cassettes vidéo cèdent la place aux fichiers informatiques, et le magnétoscope relié à un écran de télévision dispara”t au profit “ d’un ordinateur, d’une maintenance plus facile, pourvu d’un disque dur stockant des fichiers numériques et d’un écran.”Grâce à ce même réseau, le public pourra bientôt découvrir la signalétique dynamique du Centre. Dans le forum et au sous-sol, sept écrans à plasma de 52 pouces (le grand luxe), quatre écrans LCD 15 pouces et une dizaine de petits écrans affichant des lignes de 20 caractères, suspendus ou posés sur les banques d’accueil, enverront leurs messages (bienvenue, début d’une séance, fermeture, etc. ). “Le système qui assure l’envoi de ces informations est piloté de manière centralisée et pourra cro”tre au fur et à mesure des besoins du Centre”, explique François Wolf.
Responsable de la BPI, Martine Blanc-Montmayeur, parle, elle, de réinformatisation. “Tester les nouvelles technologies en rapport avec les bibliothèques a toujours fait partie des missions de la BPI, mais chaque développement concernait une application précise. Le grand changement a été de passer à une informatique en réseau et de mettre sur ce réseau toutes les ressources documentaires disponibles. Ce qui oblige à faire fonctionner toutes les applications ensemble.”
Dans l’intérêt de la discipline
Symbole de ce changement : le poste multimédia doté d’un écran plat et d’une interface de navigation simple, capable d’offrir toutes les applications, locales ou en ligne. Mais une série de paramétrages, gérés par un serveur, viennent en réalité brider certaines des fonctionnalités.
Parmi les 378 postes multimédias (400 à la fin de l’année) répartis sur trois étages, certains sont configurés en fonction de neuf disciplines (philosophie, religions, sciences sociales, arts-loisirs-sports, etc. ) à raison de 15 à 25 postes pour chacune, l’interface graphique prenant la couleur de la signalétique réservée à la discipline. Une démarche antizapping que revendique Martine Blanc-Montmayeur : “La discipline est le fil conducteur qui permet de montrer à nos usagers la complémentarité des supports : les périodiques et les livres sont de chaque côté de l’allée centrale et les ressources numérisées au milieu. Celles-ci sont accessibles grâce au poste multimédia, comme le catalogue de la BPI, celui d’autres bibliothèques, des CD-Rom en ligne, des sites Internet sélectionnés autour de la discipline.” Toutefois, 39 postes dispersés dans la bibliothèque, offrent l’accès à tout Internet.
Les petits soucis du numérique
Trente imprimantes noir et blanc, groupées par quatre autour de serveurs d’impression, viendront courant mars compléter le dispositif; 30 autres, dont certaines en couleur, étant prévues dans l’avenir. Des cartes prépayées permettront de s’acquitter à la fois du prix des photocopies et des impressions.
Cependant, tout cela ne va pas sans difficulté quand il s’agit de faire fonctionner des CD-Rom en réseau (avec Windows NT, le système d’exploitation choisi) ou d’obtenir de leurs éditeurs les licences nécessaires et l’autorisation d’imprimer le contenu. Sans parler des abonnements à des bases de données documentaires sur le Web, qui n’ont pas de mode de paiement adapté aux collectivités, n’acceptant que la carte bancaire… dont l’administration ne dispose pas ! Comme quoi, même dans un domaine aussi innovant que celui du numérique, être à l’avant-garde ne va jamais de soi
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