Après une baisse du nombre de transactions de 1998 à 2001 (et des montants investis de 70 milliards à 45 milliards d’euros), il semble que toutes les conditions soient réunies pour permettre une reprise rapide du secteur des opérations à effet de levier en Europe. En effet, 2002 s’annonce comme une année record : quatre fonds ont pu lever plus de 4 milliards d’euros (CVC Capital, Apax Partners, BC Partners et PAI). Six en ont levé plus de deux (Cinven, Candover, Charterhouse et Industry Kapital).
Une explication en trois points
Trois raisons expliquent cet engouement :Tout d’abord, l’environnement macroéconomique y est extrêmement favorable, et ce pour trois motifs. En premier lieu, les taux d’intérêts demeurent très bas, et ne semblent pas, à court terme, devoir remonter de manière sensible.Deuxièmement, les marchés boursiers sont toujours d’une extrême volatilité et la tendance demeure “baissière” (entraînée, naturellement par les valeurs télécoms, médias et technologie).Enfin, les grandes sociétés, sous la double pression des marchés boursiers et des agences de rating, doivent réduire leur endettement. Elles n’ont souvent d’autre solution que de céder très rapidement des actifs, et les acteurs industriels ne sont pas toujours en état de se porter acquéreurs. Les fonds de LBO ont l’avantage essentiel de payer cash (et non par un mix cash & stocks).Deuxièmement, les investisseurs institutionnels préfèrent les fonds de LBO aux fonds de capital-risque. En raison en particulier de l’éclatement de la “bulle internet” et des dommages collatéraux sur le secteur des télécommunications. Le nombre des opérations de capital-risque est passé de 487 en 2000 à 314 en 2001 (pour un montant d’1,4 milliard d’euros). Les chiffres de début 2002 engagent à penser que cette baisse se confirmera.Les fonds consacrés au capital-risque sont eux-mêmes en baisse. Certaines structures ont été amenées à diminuer leur taille et à restituer de l’argent à leurs investisseurs ! Ainsi en Europe, Soft Bank Europe Ventures a réduit sa taille de 650 millions à 250 millions de dollars [de 659,9 à 253,8 millions d’euros). Aux États-Unis, Kleiner Perkins ou Mohr Davidow réduiront la taille de leurs fonds d’environ 25 %. Les investisseurs sont aujourd’hui entrés dans une phase de grande incertitude : depuis le début de l’effondrement des valeurs internet à l’été 2000, la reprise ne s’est jamais manifestée et le recours aux marchés boursiers demeure quasiment impossible.Les fonds sont donc contraints de “nettoyer” leur portefeuille. Par ailleurs, les investissements concernent de plus en plus des deuxième ou troisième tours afin de recapitaliser les sociétés : cet investissement a pour finalité de sauver les sociétés et n’est donc pas dirigé vers de nouvelles.Enfin, l’atonie des marchés boursiers devrait être durable. Elle aura au moins deux conséquences. Tout d’abord, il devient extrêmement difficile pour de grandes sociétés, très endettées, de trouver des financements sur les marchés de capitaux. Deuxièmement, il est quasiment impossible pour une start-up ?” même si elle ne relève pas du secteur des TMT ?” d’espérer pouvoir réaliser une introduction en Bourse (IPO). De manière générale, les “petits porteurs”, investisseurs de sociétés telles France Telecom ou Vivendi Universal, autrefois présentées comme des placements sûrs, ont subi la chute spectaculaire des cours de ces sociétés. Ces actionnaires ne réinvestiront pas tout de suite en Bourse. Lorsque les marchés se reprendront, dans un premier temps seules des sociétés disposant d’un chiffre daffaires important, et dégageant du free cash-flow, pourront espérer réussir leur IPO. Ceci fournira une opportunité de sortie aux fonds de LBO, qui auront investi dans des sociétés de taille moyenne à importante, et dégageant un cash flow récurrent.Ces fonds représentent 12 % du marché des transactions européennes, et ce pourcentage devrait croître dans les trois prochaines années.* Head media and telecom, BNP-Paribas
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