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Batterie automobile : un important fournisseur retarde ses plans en Europe

L’une des principales lois de mi-mandat de l’administration Biden séduit les fournisseurs de composants de batteries, qui retardent leurs plans en Europe pour se focaliser sur les États-Unis. À la clé, de meilleures subventions et un marché fleurissant.

Novonix a définitivement choisi les États-Unis. Après l’attribution d’une subvention de 100 millions de dollars par le ministère américain de l’Energie, le fournisseur de composants de batteries coté sur le Nasdaq s’est confié au Financial Times pour confirmer ses plans, loin du Vieux continent. « Nous avons toujours envisagé une expansion en Europe, mais le financement devient le plus grand défi », a expliqué le docteur Chris Burns, le CEO de la société canadienne.

Comme d’autres poids lourds du secteur, Novonix a été séduit par le plan de 369 milliards de dollars de subventions pour les énergies renouvelables, signé en août 2022 par le Président Joe Biden. Du côté de SRG Mining, une autre société canadienne spécialisée dans les matériaux pour batteries, les plans pour satisfaire la demande européenne passeront par une usine au Maroc. Au final, c’est surtout la Chine, leader du secteur, qui investit en Europe. Shanghai Putailai prépare une usine en Suède quand Ningbo Shanshan, son concurrent,  se projette en Finlande.

Tous cherchent à étendre la production de graphite, ce composant indispensable pour la fabrication de batteries lithium-ion. Il est l’anode, cette électrode qui représente aux alentours de 90 kilos d’une batterie de 400 kg. Particulièrement contrôlé par la Chine, sa production en dépend à 75 % rappelle Financial Times en citant un rapport de Benchmark Mineral Intelligence. Et les projections pour 2030 ne sont pas bonnes pour l’Europe, qui ne verra pas sa part de production grossir comme celle des États-Unis.

Novonix a choisi de commencer par une production à 20 000 tonnes par an en Amérique du Nord, avant d’accélérer jusqu’à 150 000 tonnes, avec l’aide financière de l’Etat fédéral. Son usine de production dans le Tennessee à Riverside sera complétée par une autre, un projet qui « nous occupera jusqu’à la fin de la décennie », annonçait Chris Burns. Pour que Novonix démarre un investissement en Europe avant 2030, il faudra alors que la demande se ménage du côté des constructeurs et fabricants de batteries. C’est alors avec la raffinerie de graphite Humber, à Lincolnshire en Angleterre, que la société pourrait s’associer.

700 GWh en Europe, 3 usines en France

Seront particulièrement représentés Volkswagen et Tesla, qui veulent tous les deux atteindre une production de 240-250 GWh de batterie par an en Europe. Au total, la production est estimée à 700 GWh sur le continent, avec 12 usines en Allemagne, 3 en France (Verkor, ACC et ProLogium) et 3 en Italie. Mais sans des fournisseurs de composants comme ceux qui se tournent vers les États-Unis, notre dépendance à la Chine se poursuivra. Et le nouveau bonus écologique 2024 ne pourra rien y faire pour motiver une production locale en plus de l’assemblage.

Pékin l’a compris et serre la vis sur le graphite, depuis octobre dernier. Un vrai poids géopolitique. Le pays est la deuxième réserve après la Turquie, qui regorgeait de 90 millions de tonnes en 2021, estime Statista. La solution pourrait alors être le graphite synthétique pour s’en libérer. Benchmark Mineral Intelligence estime qu’il sera possible d’en utiliser jusqu’à 65 % dans les anodes des batteries lithium-ion. Mordor Intelligence, un autre cabinet d’analyse, projette que le marché global connaisse une croissance de 40 % pour atteindre 4,2 milliards de dollars d’ici 2028.

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Source : Financial Times