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Bataille autour des normes des téléviseurs

Indispensable à l’interactivité, le décodeur est l’enjeu de luttes acharnées entre tous les fournisseurs de plates-formes.

Pour bénéficier de la réception numérique sur une télévision analogique, il faut disposer d’un décodeur, sorte de boîtier ou de carte placé en amont ou à l’intérieur du téléviseur, qui transforme en signaux analogiques les signaux numériques arrivant, par exemple, de satellites ou d’un câble. Ce système est d’ailleurs déjà utilisé depuis longtemps par les bouquets numériques de Canal+ ou de TPS. Mais, à l’heure de la convergence d’internet et de la télévision, le décodeur s’interface avec le réseau IP grâce à un modem intégré (câble, ADSL, Numéris ou RTC). La conversion est standardisée par des normes également intégrées au décodeur : MPEG2 (Moving Picture Expert Group) pour la compression vidéo, et ATVEF, norme qui associe IP au langage HTML du web pour transporter les données et gérer l’interactivité. Dans la pratique, les choses sont toutefois loin d’être aussi claires.

Les éditeurs informatiques mènent encore la barque

ormé à l’origine par des éditeurs informatiques – notamment Microsoft et Liberate -, le consortium ATVEF est confronté à l’initiative européenne émanant des acteurs de la télévision, DVB (Digital Video Group). Celle-ci, sans être concurrente, vise à ne pas se laisser piétiner par le monde informatique.Java est au centre de la tourmente. Alors que Sun vient de sortir une API pour adapter sa plate-forme à la télévision, ATVEF n’incorpore pas de technologies Java. Elle ne compte donc pas Sun parmi ses membres. Rien d’étonnant, dès lors, que la norme DVB s’appuie sur Java. Mais cette bataille technologique en masque une autre : celle du système d’exploitation incorporé au décodeur. Microsoft, impliqué dans la télévision interactive avec sa filiale webTV, a du mal à imposer son Windows CE : l’opérateur AT & T vient de le lâcher, après une commande de dix millions de décodeurs en 1999. Et ce, au profit de son principal concurrent, Liberate, dont le système d’exploitation sera intégré à un décodeur fabriqué par Motorola. Les reproches faits à Microsoft – comme au monde Java, d’ailleurs – sont similaires : trop gourmandes de puissance, leurs plates-formes engendrent des coûts de fabrication des décodeurs trop élevés. Dans la pratique, seuls deux téléviseurs interactifs sont disponibles pour le grand public : celui de Walawa, qui intègre un décodeur NetGem, et un autre, fabriqué par Thomson sous le nom de TAK Interactive TV. Pour sa part, NetGem utilise un noyau Linux, solution compatible ATVEF, incorporée directement au poste de télévision. TAK, filiale de Thomson Multimédia et de Microsoft, adopte une stratégie similaire avec un décodeur aux technologies de Microsoft. OpenTV, le leader des décodeurs, travaille, lui, à l’élaboration d’un décodeur intégrant les technologies DVB à celles de Spyglass, société qu’elle a rachetée courant 1999. Quant à Canal Plus, il se prépare à sortir un décodeur compatible IP pour renouveler l’ensemble de son parc.

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Marie Varandat