01net.com poursuit son rendez-vous dédié à la 5G en collaboration avec QoSi (groupe MOZARK), spécialiste de la mesure des réseaux télécoms, partenaire de référence de l’Arcep, qui édite par ailleurs l’application 5GMark.
Notre objectif est de mesurer sur le terrain la qualité de service 5G perçue par un utilisateur et de voir ce qu’apporte cette technologie par rapport à la 4G. Pour notre premier volet, il y a trois mois, nous avions choisi de nous focaliser sur Paris intra-muros. Le deuxième, aujourd’hui, dresse un panorama de la qualité de service 5G dans dix grandes agglomérations, dont voici la liste : Paris, Le Havre, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Lyon, Nantes, Nice, Dijon, Lille. Elles ont été sélectionnées parce qu’elles comptent plus de 150000 habitants et que les quatre grands opérateurs y ont ouvert leur réseau commercial 5G.
Cette étude permet d’avoir un aperçu de l’expérience 5G dans notre pays.
« Avec ce périmètre de plusieurs agglomérations, on commence à avoir quelque chose de représentatif au niveau national, sachant que la 5G concerne pour le moment essentiellement les urbains », résume Thierry Moncorger, directeur produit et cofondateur de QoSi. Les réseaux 5G grand public ne sont effectivement pas ouverts actuellement dans les zones rurales, les opérateurs ayant choisi de déployer en priorité dans les milieux denses.
Retrouvez l’étude en intégralité sur le site de QoSi.
La campagne de mesures a été réalisée entre le 2 novembre et le 3 décembre 2021 par les équipes de QoSi. Elles ont procédé à plus de 58 000 tests sur l’ensemble des agglomérations avec des forfaits 4G et 5G de Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR*. Les résultats reflètent l’expérience moyenne qu’aurait vécu un utilisateur qui serait passé dans tous ces lieux. Vous trouverez plus d’informations sur la méthodologie et le matériel en fin d’article.
* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété de Altice Media
Orange garde une longueur d’avance
La conclusion de cette étude est sans appel : Orange domine en moyenne sur tous les critères de qualité de service en 5G. Si l’on prend seulement celui du débit descendant, on constate qu’il atteint les 233,2 Mbit/s, loin devant SFR (157,3 Mbit/s), Bouygues Telecom (150,9 Mbit/s) et Free Mobile (34,2 Mbit/s). Il est également premier en 4G.
L’autre enseignement, c’est que Bouygues Telecom et SFR affichent des performances relativement équivalentes. Enfin, comme à chaque campagne de mesures, Free Mobile se retrouve à la traîne. Il n’est pas seulement le dernier du podium, loin derrière le trio de tête. Il est aussi le seul à ne pas faire la différence avec sa 5G.
Alors, bien sûr, les fans de Free Mobile nous rétorqueront une fois encore que si les tests avaient été réalisés en multi-thread, les résultats auraient été meilleurs. Nous rappellerons donc que nous avons utilisé le même protocole que celui de l’Arcep qui correspond à l’état de l’art en la matière. L’autorité considère que le mono-thread, qui correspond à un seul flux de connexion, reste plus représentatif des usages des abonnés sur leur smartphone que le multi-thread qui comporte plusieurs connexions en parallèle.
La bande coeur des 3,5 Ghz fait la différence
Pourquoi cette domination d’Orange ? « L’une des explications serait le choix de concentrer son déploiement majoritairement sur la fréquence 3,5 GHz », avance Thierry Moncorger. Cela est notable lorsque l’on analyse le taux d’accroche 5G par opérateur et par fréquence. Orange obtient un taux d’accroche de 80% dans cette fréquence, contre 67% pour Bouygues Telecom, 61% pour SFR et seulement 28% pour Free Mobile.
La bande des 3,5 GHz permet d’apporter de la capacité et du débit, les bandes basses comme le 700 MHz ou le 2 100 MHz ne servant qu’à assurer la couverture du territoire. Et c’est Bouygues Telecom qui affiche le meilleur taux d’accroche (83%) en 5G toutes fréquences confondues, devant Orange (81%), SFR (69%) et Free Mobile (64%). Logique puisqu’il avait fait de la couverture la priorité de son déploiement 5G.
Reste une énigme. Même s’il en compte moins que ses concurrents, Free a tout de même activé un certain nombre d’antennes en 3,5 GHz, d’après le dernier observatoire 5G de l’Arcep qui date du mois de septembre. Il en compte même presque autant que SFR que ce soit au niveau national ou par région, alors que l’écart de qualité de service est notable entre les deux opérateurs en moyenne sur l’ensemble de ces agglomérations. Les contre-performances de Free Mobile apparaissent donc comme une anomalie au regard de son déploiement 5G.
Mais le fait est que sur le terrain, il a été difficile de capter la 5G de la bande 3,5 GHz de cet opérateur dans les dix grandes agglomérations testées. Des raisons d’ordre plus général concernant le fonctionnement de son réseau sont peut-être en cause.
Quelle ville a la meilleure 5G ?
Nous allons forcément vous décevoir en répondant à cette question car il est impossible de distinguer véritablement une agglomération tant les résultats diffèrent d’un opérateur à l’autre suivant les villes.
On peut toutefois se concentrer sur les performances de débits descendants.
Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus, Bouygues Telecom obtient de meilleures performances à Paris, Dijon et Bordeaux. Orange se distingue à Lille, Montpellier, Bordeaux et Paris. SFR performe à Bordeaux et Nice. On notera que les trois assurent tous un niveau élevé de débit descendant à Bordeaux en 5G comme en 4G.
Mais l’équation est complexe. Ces chiffres sont des instantanés et ne dépendent pas que du réseau. Ils varient en fonction de la géographie urbaine de la ville, de la densité de la population ou encore du nombre d’utilisateurs actifs en 5G.
Un débit montant toujours pas au top
Ce n’est pas une surprise : les débits moyens montants en 5G se révèlent extrêmement décevants, comme c’était déjà le cas lors de notre étude sur Paris intra muros. Non seulement il n’y a aucun gain en 5G, mais en plus les résultats sont même légèrement inférieurs à ceux obtenus en 4G pour Orange et, dans une moindre mesure, pour Bouygues Telecom.
Il s’agit d’un choix parfaitement assumé des opérateurs. Ils préfèrent pour le moment accorder le maximum de bande passante au débit descendant parce que cela correspond aux besoins en consommation des abonnés.
Les usages ne sont pas bouleversés
Du point de vue des usages, les tests montrent que certains usages ne bénéficient pas du passage à la 5G. C’est le cas notamment du streaming vidéo. Là encore, on constate que certains résultats sont même supérieurs en 4G. Toutefois, les écarts sont tellement faibles qu’ils ne permettent pas de conclure que la qualité serait dégradée en 5G mais plutôt équivalente.
Probablement parce qu’une image en haute définition (720p) n’a pas besoin de la 5G. La 4G suffit déjà à apporter un taux de diffusion et une qualité optimum. Les tests supplémentaires réalisés par QoSi en 1080p (HDTV) ne se sont pas non plus avérés meilleurs en 5G. Mais peut-être qu’avec la 4K, la 5G ferait la différence. Sauf, qu’elle n’est pas représentative des usages sur smartphone.
Autre usage à ne pas vraiment profiter de la 5G dans notre étude, la navigation web. Là encore, la 4G semble déjà suffire amplement à assurer l’affichage des pages. D’où la difficulté pour les abonnés grand public à voir la différence entre la 4G et la 5G quand ils ont déjà sauté le pas.
« Les gens peuvent être tentés de se dire “Mais à quoi ça sert la 5G ?”», rebondit Thierry Moncorger. « Les nouveaux usages sont encore à découvrir. À court-terme la réponse, c’est que la 5G sert essentiellement à gérer l’augmentation du trafic. Donc au lieu d’apporter 100 Mbit/s à deux ou trois personnes, on va pouvoir le faire pour dix par antenne », conclut-il.
À titre individuel, la 5G n’aura pas vraiment changé la donne en un an. Mais dans les grandes villes, elle permet peut-être déjà de faire face à la consommation toujours plus élevée de data.
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